Bonjour Virgin,
Chacun réagit différemment face à un deuil, et nos propres réactions peuvent évoluer au fil du temps, en fonction du chemin que l'on fait dans ce deuil.
Mon deuxième enfant, un adorable petit garçon est né handicapé. Polymalformations, problème de développement psychomoteur... autant dire très loin de l'enfant idéal que l'on attendait. Ma réaction a été très bizarre, j'ai eu une envie viscérale pendant des mois de retomber enceinte, tout de suite... je n'ai pas écouté cette lubie, je me suis fait poser un stérilet, mais quand même, ça m'a hanté, je ne pouvais plus voir de femme enceinte, entendre parler de grossesse ou de naissance. Je voulais juste retomber enceinte, avoir une grossesse de rêve et avoir un enfant normal, comme tout le monde quoi, avoir droit à ma part de normalité et ne pas rester sur un "échec". Car je me suis senti très défaillante dans mon rôle de mère, j'ai donné la vie à un enfant "incomplet", je ne lui ai pas créé toutes les chances de vivre en bonne santé... psychologiquement ça a été très dur de me "pardonner" cet échec, et je ne sais pas très bien si je me suis pardonné d'ailleurs.
Et puis, le temps passe, maintenant je suis plus "raisonnable", j'ai apprivoisé mon loustic, mes craintes et mes peurs face à son avenir, notre avenir le concernant. J'ai fait le deuil de l'enfant idéalisé avec les diagnostiques et les examens qu'on lui a fait. On a mis un nom sur ses soucis et on fait tout pour développer une harmonie familiale avec ce petit être extraordinnaire et son grand-frère. Nous avons trouvé notre équilibre à 4 et aujourd'hui, un troisième, pourquoi pas... mais pas maintenant. Il faut que cet éventuel enfant soit un projet à lui tout seul et pas un "remède" pour me soigner dans ma blessure de maman malmenée.
Laisse toi du temps pour faire ton propre chemin, les réactions ambivalentes et contradictoires sont normales. Et n'hésite pas à te rapprocher de parents qui ont vécu la même épreuve que toi.
