Salut Morgane, bienvenue à toi parmi nous !
Morgane leya a écrit :en mai 2017 en partant travailler un 2 roues ma taper dans la voiture en choc frontal,
Ouch. Que déjà toi, au volant d'une boite à roues recouverte par des plaques de métal pour te protéger (on appelle ça une voiture

), tu en aies retiré des séquelles, fait planer une grosse inquiétude sur ce qu'il est advenu du conducteur du deux-roues. Il s'en est tiré ?
Et depuis le mois de mai 2018 je vais mieux..
C'est une des caractéristiques typiques de la sep en début de parcours : les symptômes expérimentés lors des premières poussées finissent volontiers (pas toujours, mais volontiers) par disparaître.
Cependant j’ai dû faire un dossier de dommage corporel à mon assurance..
j’aimerais donc votre avis sur la questions . A votre avis là SEP peut elle être déclenchée par un choc émotionnel ou psychologique ?
Sachant que je n’avait aucun symptôme avant l’accident..
Je rejoins globalement ce que t'a dit Mallorie : il faut impérativement distinguer le fait d'
être atteint de sclérose en plaques, de celui de
faire une poussée de sclérose en plaques.
L'accident a
éventuellement pu déclencher une poussée. Il est très peu probable qu'il puisse provoquer la maladie elle-même (règle générale), même si rien ne le prouve.
Dans ton cas particulier, il faut savoir que le diagnostic de sep nécessite, à supposer que tes médecins travaillent dans les règles de l'art -- ce dont je ne doute pas venant de la Timone -- la démonstration d'un truc qui s'appelle la dissémination temporelle (ce terme devrait normalement apparaître en surbrillance, je t'invite par conséquent à cliquer dessus). C'est à dire qu'il est fort délicat et hasardeux, pour un médecin, de poser un diagnostic de sep à la suite d'un syndrome cliniquement isolé (tous les termes en surbrillance sont cliquables !). Or dans ton cas, à lire ta description, tes toubibs ont l'air assez sûrs d'eux.
Il faut savoir aussi que les épisodes aigus de sep, ce qu'on appelle les poussées, peuvent tout à fait ne pas se manifester par des symptômes qui seront ressentis, c'est même fréquent ; ils laisseront alors tout de même des traces qui resteront visibles sur l'IRM. Ajoute à cela qu'une poussée "en cours" apparaît, à l'IRM, d'une façon très distincte des reliefs d'une poussée antérieure : une poussée en cours (on parle en fait d'une poussée active) va réagir à un produit de contraste qu'on t'injecte en général vers le milieu de l'examen, le gadolinium, alors qu'une poussée ancienne y restera insensible. Si, par conséquent, la même IRM montre simultanément des lésions qui "prennent le contraste", et d'autres qui ne le prennent pas, alors les premières sont le signe d'une poussée active et les secondes sont le signe de l'existence d'une ou plusieurs poussées précédentes : la dissémination dans le temps est ainsi démontrée, et on peut poser le diagnostic de sep de façon certaine.
D'après ta description, j'envisage donc comme fort probable que ton IRM aura pu montrer la présence simultanée de lésions qui prenaient le contraste (poussée active), et de lésions qui ne le prenaient pas. Si c'était effectivement le cas, cela signifierait de façon certaine que le déclenchement de ta maladie, comme ta première poussée, étaient antérieurs au choc que tu as reçu. La chose devrait pouvoir t'être confirmée, ou pas, soit par ton neurologue, soit par le radiologue qui a fait ton IRM.
Il faut enfin rester toujours conscient que la sep reste une maladie globalement méconnue, ce qui explique mes précautions oratoires : je parle tantôt de probabilités, tantôt (plus rarement) de certitudes. Ce que je viens de dire peut être considéré comme "la règle", mais cette règle admet quelques exceptions :
- une évolution récente des critères de diagnostic autorise un diagnostic de sep
à peu près certain à la suite d'un syndrome cliniquement isolé (i.e. avec une IRM qui ne montre pas la présence simultanée de lésions actives et anciennes), pour peu que les résultats de la ponction lombaire soient suffisamment caractéristiques, ce qui est loin d'être systématique. Seul ton neurologue pourra éventuellement répondre à cette question. Si l'IRM montre la présence de lésions qui ne prenaient pas le contraste, de toute façon, l'affaire est entendue, tu étais atteinte de sep avant ton accident.
- la possibilité qu'un stress puisse représenter un événement déclencheur d'une poussée est une conviction que nombreux ici partagent, dont moi quand je suis atteint de vague à l'âme

, mais une possibilité à propos de laquelle les différentes études qui ont été menées sur le sujet restent très contradictoires, la difficulté essentielle pour conduire de telles études résidant dans la définition même de ce qu'on va accepter comme représentant un stress. En tout état de cause, il n'y a pas de consensus scientifique sur la question.
La rigueur médicale voudrait donc que ton épisode de sep ne soit pas déclaré en tant que dommage corporel consécutif à l'accident.
Sauf que. Prête pour le deuxième effet kiss-cool ? Les règles de la science et de la médecine sont une chose, les règles du droit en sont une autre, en particulier depuis l'émergence de ce qu'on appelle le "principe de précaution". Il y a eu un gros pataquès, qui dure depuis environ deux décennies et présente toujours des soubresauts occasionnels, concernant une possible relation entre vaccination contre l'hépatite C et sclérose en plaques. Médicalement, il y a un quasi-consensus, avec des études qui disent qu'il n'y a pas de lien entre les deux, et d'autres qui disent que s'il y a un lien, rien n'en prouve l'existence. Deux formulations à peine différentes, mais bien suffisamment pour faire valoir devant un tribunal une "absence de consensus scientifique sur la question" (question à la cantonade : existe-t-il un seul consensus scientifique à propos de la sep ?). Ce qui a conduit à ce jugement, que je t'invite à lire attentivement :
https://www.revmed.ch/RMS/2017/RMS-N-56 ... -causalite.
Donc ce n'est pas si simple

. (Ca l'est plus si l'IRM a montré la présence de lésions antérieures, note...).
Si j'étais dans ta situation, je ne déclarerais pas la sep comme "dommage corporel", ni comme conséquence directe ou indirecte de l'accident, enfin je n'en parlerais pas du tout. Mais après, chacun a sa sensibilité : à toi de voir, donc.
Courage,
Jean-Philippe.