Hébé Linette
Tiens, dans mon message, un truc qui méritait que je m'y attarde, entre "avant les critères de McDo" et "après les critères de McDo". Tu as eu raison d'insister sur les facteurs environnementaux, il y a eu un facteur environnemental majeur, survenu (à quelques mois près) pile entre "avant McDo" et "Après McDo", c'est internet en général et Google en particulier.
Je reprends ma première poussée, le toubib qui me déclare que j'ai une névralgie faciale. Dix secondes de recherche Google (pas compliqué :
névralgie faciale Vidal, ou
névralgie faciale diagnostic), m'ont
aujourd'hui suffi à me renvoyer, tout en haut de la liste de résultats, à une phrase que je citais dans mon message précédent : "
Dans 75 % des cas, la douleur apparaît après l'âge de 50 ans. Le début tardif après 70 ans n'est pas rare. Des formes juvéniles existent mais doivent faire suspecter en priorité une origine secondaire, par exemple à une sclérose en plaques".
Quand ça m'était arrivé, internet était encore à l'état de vague embryon, il ne me serait
jamais venu à l'idée d'aller y chercher des informations sur le sujet. Si, en revanche, ça s'était passé avec les moyens disponibles aujourd'hui, il ne m'aurait donc fallu que dix secondes de recherche Google, suivies de quelques-unes de lecture en plus, pour voir apparaître le spectre de la sclérose en plaques,
seule pathologie mentionnée pour quelqu'un de mon âge. En voyant apparaître un tel terme, je n'aurais certainement pas laissé pisser l'affaire de la même façon que je l'avais laissée pisser à l'époque, mais mon cas particulier n'est pas intéressant :
on peut dire ça d'à peu près tous les patients qui, aujourd'hui, consultent pour un SCI, ils ne laisseront certainement pas pisser.
Tu en penses quoi ? Quand j'avais revu Gout en 2018, il m'avait dit un paquet de trucs, dont deux (énoncés à des moments différents) qui me reviennent maintenant : "
internet nous cause beaucoup de tort" et "
ce sont avant tout les patients qui sont demandeurs de traitements". Patients dont j'aurais peut-être, sans doute même, fait partie à l'époque si j'avais disposé des moyens actuels : une petite recherche de rien sur "névralgie faciale" et paf, ça me parle de sclérose en plaques ; une nouvelle recherche de rien sur "sclérose en plaques" et paf, je lis qu'il existe une offre pléthorique de traitements et qu'il faut traiter le plus tôt possible pour maximiser les chances d'échapper au fauteuil roulant (le fauteuil roulant, c'est la principale hantise du jeune diagnostiqué, alors que c'est une issue qui reste minoritaire). Bah forcément, j'aurais harcelé mon neuro pour qu'il me colle sous traitement, tu crois quoi ? D'une certaine façon, McDo s'est cantonné à assimiler ce nouvel environnement
sous la contrainte, et à entériner le concept du diagnostic dès le SCI...
Ce qui n'empêche pas qu'une certaine proportion de ces SCI n'évoluera jamais vers une sep cliniquement définie, mais comme (à la différence des années 1990) les patients seront aujourd'hui quasi tous sous traitement, bin les traitements gagneront d'autant en efficacité, puisqu'ils s'appliqueront notamment à ces SCI appelés à rester orphelins, et non plus, comme auparavant, à des sep cliniquement définies.
Bon maintenant, dépouillons tous tes messages

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Linette2021 a écrit : Je complète, issue du même article un peu plus bas: "L’accumulation du handicap est secondaire aux poussées (environ 40 % des poussées laissent un handicap résiduel) et à la progression, indépendante des poussées" ... si on réduit les poussée on redit l'handicap ...
Hmmm, certes : dans une
modeste mesure. Ce que tu faisais dire à l'étude : "Les immunodilatateurs (

) diminuent de 30% les poussées (
d'autant le handicap)". Savoir reconnaître qu'on a déformé les propos réellement tenus dans l'étude, fait partie d'une démarche scientifique

.
Justement quand on fait de la recherche on ne lit pas deux articles mais tous les articles qui tombent...
Moui enfin on n'est pas obligé de les lire tous non plus, on peut faire un tri sur les seuls "abstracts". J'ai déjà dit ici que je me passionnais (littéralement) pour la notion de niveau de preuve scientifique :
toutes les études ne se valent pas, loin de là, ne serait-ce que du fait de la méthodologie employée. Si le Gold Standard est la randomisée contrôlée, une seule randomisée contrôlée a moins de valeur que plusieurs qui iraient toutes dans le même sens. En revanche, une seule randomisée contrôlée aura plus de valeur que plusieurs études observationnelles, genre études de cohorte (ce sur quoi s'appuie ton article, d'ailleurs tu as certainement à l'esprit que c'est un simple article qui exprime une simple opinion, pas une étude ; le niveau de preuve scientifique en est d'autant inférieur) : quand plusieurs études observationnelles disent le contraire d'une seule randomisée contrôlée, c'est la randomisée contrôlée qui, jusqu'à preuve du contraire, l'emporte.
donne moi lkes références qui disent que les traitements ne sont pas efficaces je suis preneuse
Je ne dis pas qu'ils ne sont pas efficaces, je dis qu'ils sont (beaucoup) moins efficaces que ce que tu affirmes. Tu veux une référence ? Tiens, au pif, comme je suis feignant, Gout O, Bensa C, Assouad R. Actualités thérapeutiques de la sclérose en plaques. Rev Médecine Interne. 1 août 2010;31(8):575-80. "
[Les traitements immunomodulateurs] réduisent d’environ 30 % le taux de poussée. Sur le handicap, leur efficacité est modeste" (heureusement que je t'ai pour cultiver ma paresse

).
je ne vois pas où est le problème ça ne remet en aucun cas en cause son efficacité pour la première pathologie.
Je m'en réjouis aussi, je constatais simplement qu'au fil du temps, on découvrait de moins en moins de nouvelles molécules (tu es d'accord avec ça, oui ?). Ca ne me semblait pas être caractéristique des "avancées médicales continues" dans lesquelles tu fondais ta foi dans la recherche.
C'est sur qu'on a des leçons à donner aux médecins dans ce domaine

... et qu'on pense à des biais auxquels ils ne pensent pas! à des facteurs d'influence auxquels ils ne pensent pas... Voyons !!
Avant d'être médecins, ils sont humains, comme toi et moi.
Léon Tolstoï a écrit :Je sais que la plupart des hommes — non seulement ceux qui sont considérés intelligents, mais même ceux qui sont très intelligents et capables de comprendre les plus difficiles problèmes scientifiques, mathématiques ou philosophiques — peuvent très rarement discerner la vérité même la plus simple et évidente, s'il faut pour cela qu'ils admettent la fausseté des conclusions qu'ils ont formées, et peut-être avec encore plus de difficulté, les conclusions dont ils sont fiers, qu'ils ont enseigné à d'autres, et sur lesquelles ils ont construit leur vie.
Pas mieux que Léon

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On sent une connaissance du milieu de la recherche JP

...
C'est criant de vérité, non ?
Bizzzz !
Jean-Philippe