J'ai 46 ans, je suis prof, mais en ce moment, je ne peux pas bosser. J'ai deux enfants de 7 et 10 ans
Ca a démarré en 2001 (je crois l'avoir dit dans un autre message, mais bon) : du mal à éplucher les légumes, écriture déformée. Scanner, rien : on met ça sur le compte d'une "dépression masquée". Ca passe, mais ca reste à la main gauche. En 2006, très grosse fatigue, du mal à marcher (je ne fais pas le rapport avec la main, je crois que c'est un effet secondaire de l'anti-dépresseur). Je me résous à prendre une canne. Exam à la Salpêtrière, rien de chez rien (IRM, PL, PEM... ah oui, si les PEM n'étaient pas bons lorsque j'étais en position assise. On m'a dit que c'était une erreur. J'avais aussi une anomalie sanguine mais bon, ça n'aurait pas de rapport). Les mains, c'est revenu, on me dit que c'est de l"hystérie de conversion". Le terme me révolte, mais je n'ai pas d'autre choix que d'accepter et de me soigner.Je suis hospitalisée en psychiatrie, c'est très dur moralement : je vous passe les détails, questions sur ma vie intime, médocs, etc. Un antidépresseur fait effet, l'Anafranil (il est aussi prescrit en rhumato, je l'apprends après). Bien sûr, je vais chez le psy, mais il n'est pas convaincu par le diagnostic de dépression ni de "conversion". Au bout d'un moment, je fais une rechute sous Anafranil. Pa grave, le neuro me prescrit du Liorésal : ça marche !!! Je reprends le boulot en septembre, un mois : rechute, je suis crevée, je reprends ma canne. Plus rien ne me fait effet. Je ne peux plus bosser, le matin quand je me lève, j'ai 90 ans !
Les mois passent : le neuro pense finalement à me donner de la cortisone : pendant quelques jours, c'est le bonheur, je peux même aller faire les soldes !!
Ah oui, j'ai oublié : depuis l'Anafranil, ma vue de l'oeil gauche a baissé, un ophtalmo me dit que c'est la cataracte, un autre m'a dit que ce n'était pas ça, etc. C'est la joie. Le jour où je ne pourrai plus conduire, je n'ose pas même y penser.
Bref. Là, en ce moment, j'ai l'impression que la cortisone a aggravé les choses, ma main gauche est vraiment bien faible, je pense que la prochaine fois que j'irai au course, je m'accrocherai le chariot à roulette au poignet gauche avec un bandeau élastique, pour pouvoir prendre ma canne de la main droite (je raconte ça, parce que je finis par trouver ça presque comique).
Mais moi, j'étais toujours barré sur le trip "hystérie de conversion". Je culpabilisais à fond. J'ai écumé les forums "psy" dans l'espoir de trouver qqun comme moi... non, en fait ça n'existe pas.
Très gros problème : je pense que vous êtes plusieurs à connaître ça : LE FRIC. Le congé maladie a duré trop longtemps, je suis à demi-traitement. J'ai fait une demande de poste adapté, mais il faut attendre la rentrée prochaine. J'ai été vue par deux spécialistes de la médecine du travail, un neurologue et une psychiatre. OUI MAIS VOILÀ, JE VOUS LE DONNE EN MILLE : le neuro valide le diagnostic de la Salpé (il ne peut pas faire autrement) et me renvoie chez la psy, qui elle... me dit que ce n'est certainement pas psychiatrique mais neurologique, que c'est "un genre de SEP" non encore diagnostiquée... J'HALLUCINE. En attendant : COMMENT VIVRE ?? Comment gagner ma vie ?
Donc en ce moment :
j'écris mal, je fais tomber les objets, ma main gauche me gêne de plus en plus,
("Oui, la main gauche, cela représente la mère, ce que vous ne voulez pas prendre... avez-vous des soucis avec votre mère ???")
ma vue, n'en parlons pas,
("Qu'est-ce que vous ne voulez pas "voir", Madame ? Quelque chose qui s'est passé dans votre enfance ?")
la marche n'est pas bonne,
("Vous ne voulez pas avancer dans votre vie ? Où n'avez-vous pas envie d'aller ?")
et le matin, je suis très essoufflée, cela me gêne et me ralentit beaucoup.
("Non, ce n'est rien, Madame, c'est une traduction de votre angoisse, avez-vous eu un choc récemment ???")
Des envies de pisser très, très fréquentes.
("C'est sans doute nerveux, chère Madame... dans les situations de stress, non ? Ah bon ?")
Tout ça, ça me fout bien ma vie en l'air. Et j'ai le sentiment que ça s'aggrave, et je suis angoissée. Mon généraliste (que je dois voir tous les quinze jours pour renouveler l'arrêt-maladie) me dit que c'est parce que je ne suis "en crise" (de folie, de déprime, on l'aura compris). Quel pauvre mec. Je suis certaine que si j'en étais un (de mec), il me traiterait différemment...
Mon souci (à part le pognon), c'est : si ça continue, c'est le fauteuil roulant dans moins de 10 ans (si je suis toujours en vie, parce que mine de rien, c'est ce que je me dis quelquefois, parce que c'est pas possible d'être aussi mal et de continuer comme ça). Et on ne saura toujours pas ce que c'est...
D'ailleurs à ce propos, certain(e)s d'entre vous ont-ils (elles) des problèmes de souffle ?

En tout cas, merci à ceux, celles qui m'auront lue (même si ma place n'est peut-être, ou sans doute, pas parmi vous, mais je ne vois que vous à pouvoir comprendre ce que je ressens physiquement. Et ça m'a fait du bien d'en parler). J'ai lu des choses terribles, certain(e)s d'entre vous vivent des choses vraiment dures, bravo pour votre courage.
DESOLEE POUR LA MISE EN FORME PAS TOP, J'AI UN VIEIL ORDI !
Et il est tard, faut que j'aille me faire à manger.
Bon courage, et vous avez raison de garder la tête haute.

A bientôt.