Salut Shed, ça fait plaisir d'avoir de tes nouvelles !
Shed a écrit :Vos interventions sont très rassurantes et apaisantes, pour moi et en cela vous êtes des Maestros
L' "apaisement", ici, je dirais que ce sont surtout les jeunes diagnostiqués qui vont en être demandeurs : dès qu'on commence à avoir quelques années de cohabitation avec Madame, qu'elle a eu le temps de nous balancer au moins deux ou trois scuds, on a également, de son côté, commencé à en prendre la mesure, à ne plus se laisser surprendre. On devient des vieux routiers...
Et si j'essaye de me rappeler de quoi j'étais demandeur à la suite de mon diagnostic, ma foi... je dirais bien que c'est chacun, ici, qui contribue à sa manière au rôle apaisant du forum : le forum a en fait beaucoup plus de valeur que la somme des valeurs individuelles de chacun de nous, il a sa personnalité propre, qui nous dépasse.
En fait, en tant que jeune diagnostiqué, je devais (comme j'imagine chacun de nous) digérer l'annonce d'une maladie dont j'avais une représentation redoutable : invalidante à plus ou moins long terme, et qui n'allait de toute façon plus me lâcher jusqu'à la fin de ma vie. J'avais déjà compris que la médecine ne pouvait pas grand chose pour moi : déjà, aucun traitement de fond n'avait encore reçu d'AMM à l'époque ; ensuite, je voyais bien quand mon neuro refusait de répondre à mes questions, et c'était beaucoup trop souvent pour me contenter. Mes proches n'avaient été d'aucune aide non plus : de mon épouse qui m'avait répondu immédiatement "
ah t'as pas intérêt, hein" quand j'avais, la toute première fois, évoqué l'
éventualité que l'origine de mes symptômes pût être une sclérose en plaques ; à un bon collègue de travail avec lequel j'avais discrètement orienté la discussion sur la sep : "ah la sclérose en plaques,
c'est bien la pire des saloperies qui soit" ; en passant par mes parents sur lesquels l'effet apparent de la nouvelle avait été du même ordre que si je leur avais simplement communiqué les dates de mes prochaines vacances (en fait, ils avaient beaucoup pris sur eux, mais va comprendre ça...) ; et ainsi de suite.
Au bout du compte, les seules personnes à qui j'avais annoncé mon diagnostic étaient fort rares et triées sur le volet et malgré ça,
ça ne suffisait pas : je me retrouvais désespérément seul pour gérer ce machin, et ça me semblait fort compliqué parce que c'était tout de même un brouillard drôlement épais, dans lequel il fallait malgré tout que je finisse par arriver à m'orienter, sinon à quoi bon ?
Le salut était venu six mois après mon diagnostic, quand une amie d'enfance, que j'avais perdue de vue depuis des années, m'avait tout à fait fortuitement recontacté. A elle je pouvais bien tout raconter : mariage, gamin, sclérose en plaques, tout ça en deux ans, et comme elle avait suivi des études un peu médicales, chirurgie dentaire pour être précis, elle m'avait illico fait parvenir des photocopies des pages qui parlaient de la sep dans son livre de cours, une bonne quinzaine de pages écrites en tout petits caractères. Enfin je savais (presque

) les mêmes choses que les toubibs, enfin je comprenais ce qui allait,
ou pas, m'arriver, enfin j'arrivais à déchirer un peu de ce brouillard, enfin j'arrivais à comprendre où je mettais les pieds, enfin j'apprenais à connaître, par bribes certes mais c'était déjà mieux que rien, mon nouvel adversaire. Ca m'avait fait un bien immense, j'avais commencé à retrouver un certain contrôle sur mon existence.
Ce forum, je lui vois exactement la même utilité. Nous lui apportons, chacun, notre pierre, notre vécu, nos connaissances, nos peurs, nos espoirs, et tout cela contribue en fin de compte à faire passer le message que
rien n'est écrit.
Trop de sacrifices pour si peu de bénéfices, le jeu n’en vaut pas la chandelle, pour moi !!!
Pas mieux

.
Ce qui est sûr pour moi, c’est l’influence du mental sur le corps, j’en suis intimement convaincu.
Oui. Cette influence ne peut pas tout, mais elle peut beaucoup, sans doute beaucoup plus qu'on ne le croit en général.
A tout bientôt,
Jean-Philippe