Je viens de lire cette étude, ici, en anglais comme d'hab (désolé) : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4237030/.
Je vais vous parler du virus Epstein-Barr. Une présentation rapide de la bête, en français cette fois (j'ai pitié), ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Virus_d%27Epstein-Barr. Vous remarquerez que cette page ne parle à aucun moment de la sep.
Le virus Epstein-Barr (que j'appellerai désormais et uniquement par paresse EBV) est donc celui qui est en cause dans la mononucléose infectieuse, mais sans systématiquement en provoquer une en cas d'infection. Et il est donc incroyablement répandu : on estime sa prévalence dans la population générale adulte entre 80 et 90% dans le monde. C'est par ailleurs un virus qui affectionne certains modes de vie, sa prévalence aux USA et plus généralement dans le monde occidental, toujours chez les adultes, est estimée à 95%, ce qui est sensiblement plus et qui conduit les auteurs de l'étude à observer que de fait, cela peut expliquer toutes les particularités épidémiologiques de la sep, dont son association avec un niveau socio-économique supérieur, la variation de sa prévalence en fonction de la latitude, les effets de la migration en fonction de l'âge sur le risque de développer ultérieurement la maladie, ou encore la survenue de "nids" et d'épidémies de sep (je renvoie ici au cas de l'invasion des îles Feroe par les Britanniques pendant la deuxième guerre mondiale pour illustrer la chose). La prévalence supérieure dans les pays développés s'expliquerait par le fait que dans les pays sous-développés, le niveau d'hygiène étant bien moindre, le virus entre dans le corps à un âge bien plus jeune : autour de trois ans, et qu'il reste asymptomatique. Par contraste, en Occident sur-développé et sur-hygiénisé, il entre bien plus tard et causerait par conséquent plus de dégâts. Elle indique également que le délai médian entre la primo-infection à l'EBV et le déclenchement d'une sep est estimé à 5,6 années, ce qui personnellement me fascine un peu : j'ai souffert d'une saleté de mononucléose l'année de mes vingt ans, ma sep s'est déclenchée (première poussée) celle de mes vingt-cinq...
Chez les personnes atteintes de sep, on retrouve l'EBV chez... 100% (pas 99,9 % : 100%) des cas. A l'opposé, chez les personnes qui ne sont pas porteuses de ce virus, on estime que le risque de développer une sep est "extrêmement bas", ce qui est la façon scientifique de dire qu'on n'exclut pas la possibilité que ce soit un zéro absolu (la sérologie n'est pas infaillible, on peut être séropositif mais être détecté séronégatif, ce qui suffirait à expliquer ce bruit de fond très ténu).
Autrement dit, quels que soient les autres facteurs environnementaux ou génétiques (disons pour illustrer que vous avez toujours vécu en Ecosse et que la moitié de votre famille a la sep), si l'EBV n'est pas présent dans votre sang, votre risque de développer une sep reste à epsilon, pour ne pas dire zéro. De là à conclure qu'en vaccinant la population générale, on fait purement et simplement disparaître la sep, il n'y a qu'un pas (l'article s'intéresse même à des voies de contrôler la sep chez des patients déjà atteints par la maladie, en contrôlant l'EBV dans leur organisme, ce qui est possible... dans une certaine mesure) (tout est dans le "certaine").
L'étude cite notamment cette étude-ci : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16927411, qui conclut clairement que le "test ultime" sera le développement de la vaccination, dont on prédit qu'elle éradiquera purement et simplement la sep. Et donc, le hic principal, c'est que cette vaccination n'est toujours pas disponible...
Bonne lecture

Jean-Philippe.