Salut !
Bloub a écrit :Ce n’est certes pas une maladie héréditaire, mais il y a bien un terrain génétique qui peut la favoriser. En clair, les « chances » qu’un enfant de sepien le soit aussi restent extrêmement faibles, mais, statistiquement, sensiblement plus importantes que pour un autre enfant (sans vouloir effrayer ceux d’entre vous qui ont des enfants, hein, ça reste très rare). Il existe bien un terrain génétique favorable à la SEP, et plus généralement au développement de maladies auto-immunes.
Toutafé.
Sans aller jusqu'à la "maladie génétique" (la sep n'en est pas une), il existe tout de même quelques gènes dits de "prédisposition génétique" qui augmenteront, chez ceux qui en seront porteurs, la probabilité d'être touché par la maladie. Afin d'expliciter ce point de vue des probabilités, qui peut parfois être difficile à appréhender, Le mécanisme fonctionne rigoureusement de la même façon que l'alcoolémie au volant augmentera la probabilité d'être impliqué(e) dans un accident de la route : elle permettra au conducteur fautif de rentrer chez lui sans encombre dans la quasi-totalité des cas (aaaah

!), mais elle multipliera
simplement par dix son risque de cartonner (zut

).
De mémoire, l'augmentation du risque de sep engendrée par ces facteurs de prédisposition génétique est de l'ordre de dix fois plus par rapport à la population qui ne présente pas ces gènes, soit à la louche une alcoolémie d'un gramme par litre de sang. Ce n'est pas rien, mais ça n'est pas colossal non plus : en prenant un risque général théorique de développer une sep d'1/1000, dix fois plus ça me conduit donc à 1/100, en tant que sépien porteur du gène il me faudrait avoir 70 enfants pour atteindre une chance sur deux que l'un d'eux soit atteint (une chance sur deux, c'est pile ou face

). Si je me contentais plus raisonnablement de trois enfants, la probabilité que l'un d'eux soit atteint serait un peu inférieure à 3%.
De la même façon qu'il n'est nul besoin d'être bourré pour avoir un accident de voiture, la présence des gènes de prédisposition n'est pas nécessaire non plus pour développer la sep, puisque c'est juste une multiplication d'un risque qui n'est pas nul au départ. Et toujours comme pour l'alcoolémie au volant, le risque à l'échelle de l'individu peut être considéré comme négligeable (il faudrait parcourir quelques dizaines de millions de kilomètres avec 0,8 g dans le sang pour atteindre une chance sur deux d'avoir un accident grave : une vie n'y suffit pas), alors que le risque pour la société ne l'est pas (si l'alcool au volant est une plaie, c'est en premier lieu du fait de son grand nombre de pratiquants...). Une politique eugéniste qui stériliserait tout porteur des gènes de prédisposition aurait ce fondement scientifique qu'elle permettrait de réduire considérablement la prévalence de la sep, de la même façon qu'une politique de sécurité routière qui vise à considérablement réduire la population alcoolisée qui se trouve derrière un volant, est efficace à l'échelle d'un pays (je ne me prononce évidemment pas sur la pertinence éthique qu'il y aurait de nous stériliser

).
Quant au lien de causalité entre vaccin contre l’hépatite B et SEP, aucune des nombreuses études n’a prouvé un tel lien. Cependant, il y a eu des décisions de justice qui peuvent semer le trouble
Toutafé encore une fois. La logique judiciaire n'est pas
du tout la même que la logique scientifique : la logique scientifique considérera que quelque chose n'existe pas tant que son existence n'a pas été démontrée ; la logique judiciaire considérera à l'opposé qu'un risque existe tant que sa non-existence n'a pas été démontrée. De mémoire, dans le cas des interactions entre la vaccination contre l'hépatite et la sep, les arrêts se sont fondés sur "l'absence de consensus scientifique sur la question", autrement dit sur l'absence de démonstration définitive de la non-existence du risque. Ce n'est pas le rôle de la justice que d'approfondir la pertinence scientifique du jugement des experts, elle en serait d'ailleurs bien incapable...
On peut une fois de plus surfer sur l'analogie avec l'alcoolisme au volant : la justice condamnera lourdement un ivrogne, même s'il n'a pas eu d'accident, et le sermonnera en lui disant qu'il a eu drôlement de chance de ne tuer personne. D'un point de vue mathématique, un tel sermon est tout à fait injustifié (comme je disais plus haut, ce n'est qu'à partir de quelques dizaines de millions de kilomètres parcourus avec une alcoolémie positive que le risque d'être impliqué dans un accident grave commencera à se connaître), mais la justice se fout des mathématiques, ce qu'on lui demande c'est... d'appliquer la loi.
A bientôt,
Jean-Philippe.