Héééé salut magounette ! Attache ta ceinture et éteins ta clope, on va décoller

maglight a écrit :un beau temps sans nuage et une visibilité médiocre, c'est space !
vous aviez une tempête de sable dans le coin, ou un truc du genre ?!
C'est très courant, et pas uniquement à la montagne ; c'est notamment une notion importante en aéronautique. La différence avec la montagne est que c'est beaucoup plus immédiatement visible : il n'est pas si rare d'avoir une visibilité à plus de 200 kilomètres (en rase campagne plate, si tu vois à 10 kilomètres tu es déjà content ; en mer c'est encore pire, du fait de la rotondité de la terre), aussi quand, en montagne, tu n'as plus qu'à peine plus de 100 km de visibilité, tu te sens tout de suite arnaqué

. Sans chercher aussi loin qu'une tempête de sable, je pense que le taux d'humidité de l'air (brume...) doit déjà jouer pas mal.
euh, juste pour les maths, j'avais 31 ans ! tu me diras, 25 ou 31 ans, c'est du pareil au même à la louche
S'cuse, je ne t'imaginais pas si vieille
Nostromo a écrit :on a bien trouvé un lien significatif avec les opérations des amygdales ou des végétations avant l'âge de vingt ans, et le déclenchement d'une sep ; mais c'est semble-t-il le seul lien qu'on ait jamais trouvé. Et après l'âge de vingt ans, pfuitt, plus rien.
Alors, merci. Il y a un truc qui me frappe. L'intervention chirurgicale que j'ai subi était liée a la sphère ORL.
Certes ce n'est pas les végétations qui étaient atteintes, comme tu l'évoques dans ton étude mais c'est une de mes glandes salivaires qui a trinqué . L'intervention était lourde, avec des séquelles sur le nerf facial . En gros j'avais une perte de force dans le coté ......tadam
gauche ( même coté que la NORB) .... J'avais pas un sourire très symétrique en sortant de là

[/quote]Bon alors je t'arrête tout de suite, je me suis emmêlé les pinceaux, mea culpa, le lien significatif a été trouvé sur les amygdales et l'appendicite,
pas sur les végétations, et donc uniquement avant l'âge de vingt ans. J'ai de nouveau regardé l'étude (ici :
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3651719/). Quelques termes pour ceux qui se sentiraient d'attaquer la bête :
tonsillectomy : opération des amygdales
appendectomy : "" de l'appendicite
adenoidectomy : "" des végétations
"Nous avons trouvé un risque légèrement accru de développer plus tard une sep pour les personnes qui ont été opérées de l'appendicite ou des amygdales avant l'âge de vingt ans. Nous n'avons pas trouvé de preuve concluante en faveur d'une association entre d'autres actes chirurgicaux et la sep".
C'est une semaine plus tard que j'ai eu un symptôme étrange comme une perte de force musculaire généralisée a tout le corps. Impossible de soulever un verre d'eau , difficile de me mouvoir, je pesais comme 3 fois mon poids. On a pensé que c'était lié a un retour d'anesthésie !
C'est marrant, la première fois que j'ai consulté parce que je voyais bien que quelque chose n'allait pas, c'était moi qui pensais à un retour d'anesthésie. Pas eux... Et ça se passait à quel moment, donc, cet épisode ? Tu en as parlé à ton neuro, une fois ton diagnostic de sep posé ? Qu'en a-t-il dit ?
Note que cette étude pose l'existence d'un lien, d'une association ; pas d'une causalité. Libre à toi de croire que, par exemple, "l'opération des amygdales est un facteur causal du développement ultérieur d'une sep". Sauf que, si un lien existe, il ne marche peut-être pas dans ce sens-là ? L'opération des amygdales a lieu parce que tes amygdales sont enflammées, et pas qu'un peu. Et une des causes fréquentes, pour ne pas dire la plus fréquente, d'une inflammation des amygdales d'une intensité telle qu'elle en justifie l'ablation, est l'infection au virus d'Epstein-Barr (EBV), ... celui-là même qui est par ailleurs en bonne position sur la liste des suspects de la sep.
Autre chose m'interpelle.
Si l'opération des amygdales peuvent être un élément déclencheur de la SEP, l'étude n'évoquait pas les dents de sagesse ?
au vue de la proximité, j'aurais tendance a penser que ça pourrait être lié.... comme la glande salivaire d'ailleurs. Ou même les oreilles !?
Je n'ai rien vu de tel, mais cela ne signifie pas que ça n'a pas été étudié ni qu'un tel lien n'existe pas

.
On parlait alors d'un cas sur 500 (tels que déterminés lors des autopsies "tous venants"), ce qui nous fait donc du 200 pour 100'000 : avec 150 pour 100'000, on commence à s'en rapprocher. Cela pourrait signifier qu'aujourd'hui on détecte des formes qui hier n'étaient pas détectées, du fait qu'elles étaient "latentes". Et si elles sont "latentes", on peu envisager qu'elles ne devraient pas trop embêter le patient au cours de son existence.
je pense aussi a cette histoire que tu nous avais raconté au sujet des autopsies réalisées sur des cadavres qui m'étaient en évidence de mémoire 1 cas de lésions cérébrales toutes les 500 autopsies ....(tu me reprendras, nostromo, si je me trompe.)
Bah non, tu ne te trompes pas et c'est exactement de ça que j'étais en train de parler : relis

.
1 sur 500, ça nous fait donc une prévalence "maximale théorique", que faute de données plus précises je vais (pour l'instant) arbitrairement supposer stable au fil du temps, de 200 pour 100'000.
Or, au fil des décennies, la prévalence mesurée de la sep en France a très sensiblement progressé, puisqu'elle est passée de 30 à 50 pour 100'000 quand j'ai été diagnostiqué, à 80 à 120 pour 100'000 aujourd'hui ; l'ARSEP communique par ailleurs sur le chiffre rond de 100'000 sépiens en France, ce qui, rapporté à une population de 67 millions, nous enverrait sur une prévalence de 150 cas pour 100'000 : on se rapproche donc tranquillement mais de plus en plus, de cette fameuse "prévalence maximale théorique" (200 pour 100'000) telle que déterminée lors des autopsies.
La question cruciale se pose alors : cette augmentation très significative de la prévalence de la sep en France au fil du temps, est-elle due (a) à un phénomène de nature épidémique (un tel phénomène ne peut pas être écarté du revers de la main, cf. le cas de l'épidémie de sep sur les îles Feroë au lendemain de la seconde guerre mondiale), ou (b) à un diagnostic de plus en plus efficace, qui ne laisse plus passer, aujourd'hui, des cas qui restaient invisibles hier (hypothèse qui n'est pas invraisemblable non plus, McDonald d'une part, et les progrès colossaux de l'imagerie médicale d'autre part, étant passés par là dans la période de temps considérée) ?
Dans cette "prévalence maximale théorique", tu peux considérer que tu as, traditionnellement, au minimum un cas sur deux, et plus vraisemblablement deux cas sur trois, qui sont des "formes latentes", i.e. des formes qui ne seront, la plupart du temps, pas diagnostiquées, faute du moindre symptôme. Si on est dans le cas (a), alors il est difficile d'en conclure quoi que ce soit (car en cas d'épidémie, rien ne permet d'exclure que la "prévalence maximale théorique" croisse avec la même raison que la prévalence mesurée sur les patients : la "prévalence maximale théorique" n'est alors plus une constante) ; si en revanche on était plutôt dans le cas (b), alors cela signifierait que, parmi les sep diagnostiquées aujourd'hui, et qui alimentent par ailleurs la croissance de la prévalence en France, de plus en plus sont des formes qui hier n'étaient pas détectées, et par conséquent des formes qu'on peut raisonnablement supposer latentes. Qui foutront la paix au patient toute sa vie, diagnostiqué ou pas.
Quand je me retourne sur l'historique de ma maladie, j'ai donc eu six poussées sur une période de huit années, et puis plus rien. Sur ces six poussées, seule la troisième a justifié que je sois pris de la nécessité de savoir de quoi il retournait : elle m'a réduit à l'état de loque pendant un bon mois et demi, il m'était impossible de passer à côté, et c'est donc elle qui m'a valu mon diagnostic. Seulement, si cette poussée n'avait pas eu lieu, je pense sincèrement que je ne serais toujours pas diagnostiqué.
Sinon, je suis tout de même pris du besoin d'apporter quelques précisions de vocabulaire :
- les sep "latentes" s'entendent par contraste avec les sep monosymptomatiques, polysymptomatiques et paucisymptomatiques : c'est un terme de symptomatologie. En gros, "latente" signifie "zérosymptomatique"

, ou en tout cas pas de symptômes suffisants pour motiver le patient à rechercher un diagnostic.
- les termes récurrentes-rémittentes, progressives primaires et progressives secondaires représentent différentes façons qu'a la maladie d'évoluer. En fait c'est à la fois plus compliqué et plus simple que ça : on peut résumer l'évolution de la sep à deux formes seulement, qui sont la forme "avec poussées" (ce sont les poussées qui provoquent le handicap) et la forme "progressive" (le handicap s'installe en l'absence de poussée) ; sachant qu'on peut occasionnellement rencontrer simultanément les deux formes chez un même patient ("progressive avec poussée").
Et vu qu'on n'en sait rien

(puisqu'on ne les découvre en général qu'après la bagarre), une sep "latente" pourrait aussi bien s'exprimer dans le temps sous la forme de poussées, mais qui resteraient alors suffisamment débonnaires pour ne pas alarmer le patient (forme récurrente-rémittente), ou sous la forme d'une progression, mais qui resterait suffisamment lente pour que le patient mette ça sur le compte de l'âge et basta (forme progressive). La pente de progression du handicap dans une forme progressive n'est pas forcément la même d'un patient à l'autre (ni d'ailleurs chez un même patient pendant le cours de sa maladie), elle peut être plus ou moins raide... Sachant que ma dernière poussée identifiée remonte à il y a près de vingt ans (contre, donc, six dans les huit années précédentes) et que le passage en forme progressive se traduit le plus souvent par la raréfaction ou même la disparition des poussées, il ne me surprendrait pas plus que ça d'apprendre qu'en fait ça fait (près de) vingt ans que je suis en forme progressive, mais avec une pente de progression quasi-nulle : en quoi cette hypothèse serait-elle invraisemblable ?
- les nouveaux diagnostiqués, sont peu ou pas au courant que la forme SEP Bénigne existe, puisque les neuros, ( sauf cas particulier) propose un traitement dès le diag. posé, puisqu'il ne peuvent pas le pronostiquer, donc on fait l'impasse dessus !
C'est ce qu'ils ont de mieux à faire, du fait de la nécessité d'un recul d'au moins dix ans pour autoriser un diagnostic de sep bénigne (par définition...), et ce qu'ils ont de mieux à proposer à leur patient, du strict point de vue des probabilités. Les probabilités ne marchent pas à chaque coup avec la sep, mais pour un neurologue qui a un effectif suffisant de patients, et la bête étant imprévisible, il n'y a pas photo : l'importance de l'effectif atténuera les variations d'un patient à l'autre et globalement, et malgré les exceptions qu'on ne manquera pas de rencontrer, les patients se porteront mieux avec traitement, que sans. Mets-toi à la place du neuro : tu suis un effectif de 10 patients sep, statistiquement tu en as un sur ces dix qui aura une évolution bénigne, seulement tu n'as aucun moyen de savoir lequel. Si tu les colles tous sous traitement, tu sais que tu en auras deux, ou trois, ou quatre, voire pourquoi pas encore plus, qui auront une évolution bénigne, ou proche de l'être : tu choisis quoi

?
- on va risquer de passer a coté du pourquoi, certaine SEP restent stable....ce qui pourrait peut-être permettre de trouver sur quel terrain supplémentaire travailler pour aider les formes plus agressives.
On cherche, pourtant, hein. Mais ça nécessite alors de passer par des études dites "de cohorte" (études bêtement statistiques, effectuées après coup).
Je t'avais dit que ça allait décoller, je te laisse planer tranquillement jusqu'à l'atterrissage.
La bise !
JP