Hé coucou Amandine,
marritata a écrit :mon neuro m'a convaincu que c'était la meilleure solution..... mais finalement je doute !
Comme l'observe fort pertinemment Lélé, ce qui compte dans la sep n'est pas tant le nombre de plaques que la perte axonale (également appelée atrophie cérébrale), car c'est cette dernière qui sera liée au handicap. Une plaque montre une zone cicatricielle qui a été le théâtre d'une inflammation, et c'est tout : ce n'est pas parce que plaque il y a, que l'influx nerveux ne passe plus (l'axone sous la plaque est peut-être toujours en état de véhiculer l'information, on n'a pas les moyens de le voir, d'autant que la plaque le cache). A l'inverse, s'il y a perte axonale, là pour le coup l'influx nerveux ne passera plus, et a priori c'est ça qui nous intéresse au premier chef. L'IRM est capable de mesurer une perte axonale globale, diffuse, mais pas sur un axone en particulier.
Une particularité de la perte axonale est d'être relativement lente. A vrai dire elle touche tout le monde, sep ou pas sep (c'est entre autres une des raisons qui explique qu'en vieillissant, on devient moins alerte), sa spécificité dans la sep est d'être beaucoup plus rapide, genre cinq fois plus rapide en moyenne (mais à vérifier, je ne dis ça que de mémoire, et qui dit "en moyenne" sous-entend des évolutions qui peuvent être extrêmement variables d'un patient à l'autre).
Dans mon cas, j'ai depuis ma toute première IRM (qui remonte à 1995) un nombre de lésions impressionnant, j'en ai partout, et d'après ce que j'ai cru comprendre je fais partie des 10% de patients qui présentent, en nombre de plaques visibles, l'IRM la plus pourrie. En revanche, j'ai très peu de perte axonale (après dix ans, après vingt ans, ...), à un point que, toujours d'après ce qu'on m'en a dit, j'en ai moins que la moyenne de la population générale. Et je me porte aussi bien que je peux me porter, j'ai juste ma vieille poussée de 1995 qui a installé d'emblée des symptômes discrets mais définitifs (ataxie et troubles de l'équilibre, résidus d'une attaque conjointe cérébelleuse et pyramidale) mais qui ne se sont jamais aggravés par la suite. Et les plaques sont toujours là.
Le peu de pertinence de l'étendue des lésions visibles à l'IRM (plaques) est connu depuis un moment, c'est ce qu'on appelle le "paradoxe clinico-radiologique" (notion explorée par Barkhof à la fin du siècle dernier, je parle du vingtième

-- Barkhof n'étant par ailleurs pas n'importe qui, c'est lui qui avait défini en leur temps les critères spécifiques IRM qui permettaient de poser un diagnostic de sep ; ces critères ont été affinés depuis et ne portent plus son nom, ils ont été remplacés par les critères de Swanton, mais c'est Barkhof qui avait fait tout le boulot). Et donc, pourras-tu te demander, quel est l'intérêt en neurologie d'utiliser précisément ce critère du nombre et de l'étendue des plaques visibles à l'IRM ? Parce qu'ils permettent de mesurer une évolution sur un temps assez court (quelques mois, un an, deux ans...) lorsque la perte axonale demande beaucoup plus de temps (cinq ans, dix ans, ...) et que par conséquent, on préfère se baser sur eux pour mesurer l'efficacité des traitements. Sur un large effectif, il y a en effet une (faible) corrélation entre les deux : beaucoup de plaques à un instant t entraîneront plus volontiers une perte axonale plus importante des années plus tard, mais encore une fois cette corrélation est assez faible et tu dois bien avoir compris que chaque patient est un cas à part...
Mais pareil, je doute de plus en plus de l'utilité d'aller voir le neuro.... il reste évasif. Pour lui c'est clair c'est une poussée. Point barre.
Dès mon message de présentation, je me demandais à quoi servait le neurologue

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Je pense que si tu es sous traitement, le neuro sera utile pour vérifier que ce traitement est bien supporté. Mais ensuite, sur quoi se basera-t-il pour affirmer que tel traitement est efficace dans ton cas particulier (dans ce cas on poursuit sur ce traitement), ou au contraire inefficace (dans ce cas on change de traitement), mystère et boule de gomme, je doute qu'il en sache plus lui-même que son "doigt mouillé" : c'est très largement pifométrique... Les études qui démontrent l'efficacité des traitements sont à chaque fois menées sur un effectif relativement important mais sans plus (disons une centaine de patients), sur une durée brève (deux ans en général, ce qui explique qu'on préfère le thermomètre des lésions visibles à l'IRM à celui de la perte axonale), et le groupe des patients sous traitement s'en sort toujours mieux que le groupe des patients qui n'en prennent pas.
Mais, certains patients sans traitement s'en sortent mieux que certains patients avec traitement : la sep n'en fait qu'à sa tête... Par quelle diablerie le neurologue peut-il, dans ces conditions, déterminer que tel traitement est efficace dans le cas de tel patient, alors que jusqu'à preuve du contraire, l'évolution de la sep d'un patient en particulier ne peut pas se pronostiquer ?
Une autre chose : la doxa actuelle chez les neuros consiste à changer de traitement à la première poussée venue. Cela est cohérent avec l'analyse de l'évolution IRM des plaques. Seulement, ça oublie un détail : une poussée, bah c'est une poussée, et ce n'est pas nécessairement parce qu'on en fait une qu'un handicap permanent va s'installer. Peut-être que oui, peut-être que non. Ce qui fera la différence est la capacité de ton organisme, et ici en particulier de ton système nerveux central, de se réparer de lui-même (la récupération, la "rémission" qui suit chaque poussée dans une forme récurrente-rémittente, et qui sera plus ou moins bonne d'une fois sur l'autre). Que vaut-il le mieux, entre faire une poussée par an dont tu récupéreras très bien, ou une tous les trois ans dont tu ne récupéreras que partiellement ? De quelle façon est intégrée la qualité de tes rémissions dans le choix du traitement ? Tu pourras poser la question à ton neuro.
Je suis sous Tecfidera : mon neuro veut me faire passer à la ligne au-dessus. Il n'y a rien qui indique que ça ne fonctionne pas alors moi non !
Le patient reste maître de la décision de traitement, tu es tout à fait en droit de le refuser. Mais après, il faut être consciente que certains neurologues pourront voir comme un affront un tel refus, ce qui risquera de compliquer tes relations.
Je ne me rappelle plus à quand remonte ton diagnostic, et à quand remonte ta première poussée ?
A bientôt,
Jean-Philippe.