La Nouvelle République - Yvan Brault de Pouligny-Saint-Pierre (Indre) - 4 juillet 2017

Le 31 mai dernier a eu lieu la Journée mondiale de la sclérose en plaques. Yvan Brault, de Pouligny-Saint-Pierre (Indre), vit tous les jours avec.
Saloperie invisible mais pas du tout risible : vous ne me verrez jamais en bécane avec des sandales, mais plutôt à pied, avec une canne, pour éviter un drame. Sans être fébrile, je perds l'équilibre, je ne marche pas très droit, mes gestes sont maladroits, même sans faire le fou, je ne tiens pas debout, le sol se dérobe sous mes grolles, et parfois je dégringole, ras le bol de me prendre des casseroles ; avoir des fourmis dans les guibolles qui deviennent folles ce n'est pas marqué sur ma trogne.
Je ne vois plus trop bien, et parfois, la nuit je tâte les murs avec les mains pour éviter de me prendre un gadin. Sur mon chemin, à toute heure, la hauteur des trottoirs me fait peur. Monter des marches avec ma drôle de démarche, c'est ma hantise, qu'on se le dise. Parfois des rampes sont là pour éviter les patatras ; ne pas oublier d'allumer les lampes ! Sinon c'est la bagarre dans mes jambes !
Je ne prendrais pas non plus une trottinette pour me casser la binette, et quand je bois ou je mange, ça coule de travers, et c'est avec effroi que je risque d'étouffer ma foi ! A cause d'un morceau de poulet mal luné ou d'une limonade mal bullée et plus tard y'a pas d'intrigue, bonsoir la fatigue. Au quotidien, les objets dans mes mains jouent les « filles de l'air » et c'est vraiment galère pour les ramasser par terre.
(...)
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