Salut Carole,
Un de mes auteurs préférés, Aldous Huxley, a un jour écrit que plusieurs excuses étaient toujours moins convaincantes qu'une seule. En l'occurrence, c'était pour décrire les propos d'un mari qui alignait les bonnes raisons pour justifier auprès de son épouse qu'il devait impérativement se rendre à une réception -- réception à laquelle il allait en fait retrouver sa maîtresse. L'épouse flairait bien l'entourloupe.
Tu combats sur plusieurs fronts à la fois : ta sep, ton ex, tes enfants, tes parents, ton sentiment de culpabilité, ... Un tourbillon à l'intérieur duquel tu te retrouves perdue. Parmi ces "zones de combat", je dirais bien qu'il n'y en a pour le moment qu'une seule qui pose réellement problème, et que tout le reste est accessoire. Une fois n'est pas coutume sur ce groupe

, il ne me semble pas que ce soit la sep, mais beaucoup plus volontiers ta séparation d'avec ton ex.
Je pense que tu es en l'occurrence la proie d'un profond conflit cognitif : d'un côté cet ex est le père de tes filles, vous avez passé dix années de vie commune, vous aviez sérieusement envisagé de vous marier -- c'est dire si vous en avez partagé, des choses, comment effacer ça d'un simple coup de torchon ? --, de l'autre il y a ces violences conjugales et la séparation définitive, qui est à mon sens la seule réponse qui pouvait leur être apportée. Ne doute jamais d'avoir pris la bonne décision, à travers tes filles il te reste la quintessence des meilleurs moments. Tu parles de ton sentiment de culpabilité : coupable de quoi, au juste ?
J'ai une amie de plus de trente ans (de quand je faisais mes études, quoi) qui s'est retrouvée un jour dans la même situation que toi, en plus avec un gars qui était à l'époque un de mes meilleurs copains ; c'était d'ailleurs moi qui les avais présentés, elle était la meilleure amie de la fille que je fréquentais à l'époque. Lui, je l'ai totalement perdu de vue, d'ailleurs il ne mérite pas que je m'intéresse à lui : après les études, ils avaient fini par se marier, faire des enfants, et puis il avait commencé à devenir violent et manipulateur, ce qui avait finalement abouti, mais après trop longtemps (comme toi d'ailleurs, une dizaine d'années), à une rupture définitive.
Quand c'était arrivé, mon amie était comme toi, détruite. Aujourd'hui, elle s'est reconstruite et elle vit une vie parfaitement épanouie, allez je lâche le mot : heureuse. Oh certes, ça a pris un peu de temps, une poignée d'années, pour en arriver là, notamment pour regagner une confiance suffisante en elle et pour oser retrouver un nouveau compagnon ; il reste qu'au bout de quelques mois seulement, elle allait déjà beaucoup mieux, ses yeux n'étaient plus rougis de larmes à chacune de nos rencontres, parfois elle recommençait même à sourire et à retrouver son insouciance. Bref : pour toi, pas plus que pour elle ça ne se réglera en un jour, mais ne doute pas que ça finira par se régler, ne donne pas cette joie à ton ex. Comme toi d'ailleurs, elle souffrait de ce renversement de la charge de la culpabilité : c'était lui qui avait dépassé les bornes et c'était elle qui se sentait coupable. Tsss

. Je suppose que c'est une réaction naturelle dans une situation comme celle-ci, mais il faut s'efforcer de ne pas la faire durer trop longtemps...
Je ne sais pas si tu éprouves aussi de la culpabilité pour ton diagnostic de sep mais a priori il n'y a aucune raison : si j'admets bien volontiers qu'on puisse se sentir coupable de choper une pneumonie après avoir passé deux heures dans la neige en maillot de bains, ou de se casser une jambe pour avoir tenté d'escalader un mur avec deux grammes d'alcool dans le sang, ou de s'attraper un cancer du poumon après trente ans de deux paquets de clopes par jour, pour ce qui est de la sep, qu'y a-t-il d'autre que la fatalité ? Ton diagnostic est encore tout frais, tu auras bien le temps de faire connaissance avec ta nouvelle colocataire. Une de ses principales caractéristiques est qu'elle ne se laisse pas pronostiquer : ni toi ni personne n'avez aucune idée de ce qu'elle sera demain, dans un an, ni dans dix.
Respire, sois forte, ne baisse pas les bras, détends-toi.