Tiens, encore une Mosellane

. Salut Stéphanie, sois la bienvenue parmi nous !
La réponse que Bloub t'a donnée est tellement pertinente que je n'ai pas grand chose à y ajouter, mais cherchons tout de même. Parmi les choses qui sont factuelles, certaines, il y a dans ton cas la présence de ces lésions à l'IRM. Il faut que tu saches que jusqu'à une date récente, disons il y a une vingtaine d'années, l'IRM existait mais n'était pas du tout aussi répandue et par conséquent, pas aussi pratiquée. Aujourd'hui, tu passes à l'IRM pour un oui, pour un non...
Toujours à cette époque, on trouvait, lors des autopsies qu'on devait effectuer pour une raison x ou y, deux à trois fois plus de cerveaux qui présentaient des "lésions typiques de la sep" que ce qu'on aurait dû trouver par simple règle de trois avec l'effectif connu, diagnostiqué, de patients atteints de sep. Il y avait donc à l'époque entre autant et le double de personnes qui présentaient ces lésions (tu vois la même chose à l'autopsie qu'à l'IRM) mais n'avaient jamais été diagnostiquées, que de patients diagnostiqués.
Pourquoi certains patients, à la différence des autres, étaient-ils diagnostiqués ? Tout simplement parce qu'ils avaient présenté, au moins une fois (et plutôt deux et au delà) dans leur vie, des symptômes évocateurs d'une sep : les médecins avaient donc jugé bon d'approfondir, ce qui avait fini par aboutir à un diagnostic. A contrario, si l'effectif -- supérieur -- qui présentait des lésions mais pas de diagnostic n'avait jamais été diagnostiqué de leur vivant, c'est qu'aucun symptôme ne les avait jamais alerté : le cas le plus fréquent est d'ailleurs qu'une lésion ne se traduit pas par un symptôme.
On parlait de sep "latentes" pour décrire ces cas : comme leur nom l'indique, elles restaient cachées pendant toute la vie du... je n'ose même pas dire "patient", comment être malade d'une affection dont on n'a même pas conscience ?
La chose a considérablement évolué depuis à travers la généralisation de l'IRM, ce qui a abouti à ce qu'on diagnostique aujourd'hui
deux à trois fois plus de scléroses en plaques (pour 100'000 habitants) qu'il y a vingt ans. On n'est pas totalement certain, mais l'explication la plus vraisemblable est celle de la découverte fortuite, lors d'un examen IRM effectué pour une raison tout à fait accessoire, sans rapport avec un hypothétique symptôme, de ces lésions. Autrement dit, ces sep latentes d'hier sont devenues aujourd'hui des sep diagnostiquées, sep diagnostiquées dont elles représenteraient alors plus de la moitié. Et des sep qui donc, si tu as bien suivi, ne se manifesteront jamais de façon symptomatique, de toute la vie du patient.
Dans ton cas, à supposer que les lésions déjà détectées respectent les critères de localisation dans le système nerveux central, il suffira qu'
une seule IRM "de contrôle", parmi toutes celles auxquelles on va désormais te soumettre, montre l'apparition d'
une seule nouvelle lésion -- nul besoin que cette nouvelle lésion se traduise elle non plus par le moindre symptôme : on ratisse large... --, pour poser de façon définitive un diagnostic de sclérose en plaques. Mais une sclérose en plaques qui ne se sera toujours pas manifestée de façon clinique : toujours le désert du côté des symptômes. Le débat est vif entre les neurologues qui refusent de diagnostiquer une maladie qui ne s'accompagne pas de symptômes, et ceux qui veulent diagnostiquer et passer sous traitement le plus tôt possible, et je comprends pourquoi un tel débat existe.
A la lumière de ces informations, je dirais qu'il est très probable que tu finisses tôt ou tard par être diagnostiquée sep, l'apparition d'une seule nouvelle lésion étant monnaie relativement courante ; je dirais aussi que tant que tu restes asymptomatique, bin il faudra que tu apprennes à t'en foutre

car il sera également probable que cette sep soit d'une forme latente, c'est à dire que de toute ta vie, elle te foute une paix royale : c'est le cas le plus fréquent. Il reste que la probabilité que tu glisses en sep "cliniquement définie", i.e. qui finisse par s'accompagner des symptômes évolutifs de la sep, si elle est certes inférieure à celle d'une sep latente, n'est pas nulle non plus : disons 40% pour basculer sur une sep cliniquement définie, contre 60% pour une sep qui resterait latente.
Depuis une semaine j'ai des problèmes de déglutition mais mon médecin dit que ça n'a rien à voir....
Les troubles de déglutition sont un symptôme possible dans la sclérose en plaques ; mais ton médecin dit que ça n'a rien à voir et il est vrai que tous les troubles de la déglutition ne se rangent pas dans le même panier... Devant une telle incertitude, je te recommande vivement,
jusqu'au diagnostic éventuel, de te fier aveuglément à ce que te dira ton
neurologue. Je précise "neurologue" parce que les médecins généralistes, en règle générale, sont volontiers largués devant cette maladie et l'interprétation de telle ou telle manifestation clinique. Donc neuro

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A bientôt j'espère et ne te pourris pas trop la vie avec cette éventualité,
Jean-Philippe.