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Tsering
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Hello,

Est-ce que vous savez quelle est la différence entre un symptôme et une poussée au nouveau de l origine du problème?

Est ce juste de l inflammation pour l un et une lésion en plus pour l autre?
Comme s il y avait de petites anomalies et les gros dégâts!?

Merci pour vos lumières

T.
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Bashogun
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Bonsoir Tsering
Tsering a écrit : 17 juin 2020, 19:00différence entre un symptôme et une poussée
Il y a poussée lorsqu'il y une activité inflammatoire dans le SNC due au système immunitaire. Elle laissera des traces, lésions en cours qui prennent le contraste avec le Gadolinium, lésions plus ou mins cicatrisées ensuite.

Mais il peut y avoir poussée sans symptômes : la poussée sera passée inaperçue en n'ayant pas provoqué de symptômes (tout dépend de l'emplacement dans le SNC), mais l'IRM fera apparaître de nouvelles lésions, plus tard, dites alors asymptomatiques.

Il peut y avoir aussi symptômes sans poussée. Deux cas :
- des symptômes qui seraient dus à une autre pathologie, mais qui peuvent ressembler / faire penser à des symptômes Sep. Je me suis fait avoir il y a deux ans avec ce qui s'est finalement révélé être une capsulite rétractile de l'épaule et non de 'bêtes' paresthésies (au départ en tous cas) dues à la Sep.
- il y a aussi tout ce qui tien au phénomène d'Uhthoff sous l'effet de la chaleur (mais aussi de la fatigue ou du stress) qui réactive les symptômes anciens, les lésions n'étant jamais parfaitement cicatrisées.

Pourquoi cette question ?

Bien à toi
_________________
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Salut !
Tsering a écrit :Est-ce que vous savez quelle est la différence entre un symptôme et une poussée au nouveau de l origine du problème?
Déjà, je ne vais pas parler des symptômes permanents, irréversibles : ceux-là sont provoqués par des axones trop endommagés, irréparables. Je vais me concentrer sur les seuls symptômes « qui vont et qui viennent »...

Je lisais un truc récemment, étude scientifique sérieuse et tout, l’auteur du haut de toute sa compétence neurologique avançait que même une prise de contraste à l’IRM ne prouvait pas la poussée. Ce préliminaire étant posé, la poussée est l’apparition de nouveaux symptômes, ou l’aggravation de symptômes plus anciens, pendant plus de 24 h et en l’absence de fièvre, causée par la rupture de la barrière hémato-encéphalique et l’invasion du SNC par des lymphocytes qui n’ont rien à y faire. D’où inflammation, destruction de la myéline, vraisemblablement oedème au niveau de la zone atteinte. D’autres hypothèses existent à côté de l’oedème, mais cet oedème est celle qui tient la corde.

C’est a priori (ça reste du domaine de l’hypothèse) la présence de cet oedème inflammatoire qui va provoquer l’apparition des symptômes. Une fois l’inflammation terminée, l’oedème se résorbe, les symptômes s’estompent, voire disparaissent. Mais la zone n’est pas réparée pour autant, la myéline s’y est faite attaquer, elle est fragilisée, voire détruite par endroits. Certaines situations vont pouvoir y faire réapparaître temporairement l’oedème et, partant, faire réapparaître d’anciens symptômes, avec une intensité certes inférieure, mais pas forcément tant que ça : la plus connue de ces situations est une élévation de la température corporelle (Uhthoff).

Sauf que dans ce cas de figure, il y a peut-être réapparition de l’oedème, mais il n’y a aucune destruction de myéline (il n’y a pas de rupture de la bhe). Donc, pas poussée.

Je résume : a priori, pour avoir droit à l’appellation « poussée », il faudrait avoir à la fois l’apparition durable de symptômes ET la preuve d’une rupture en cours de la bhe, telle que démontrée par la prise de contraste au gado. S’il en manque un seul des deux, alors pas poussée. En fait c’est encore plus compliqué que ça (la poussée tend à ne pas être définie de la même façon si tu es un patient lambda vs. cobaye dans une étude scientifique), mais je t’ai déjà bien assez embrouillée comme ça !

À bientôt,

JP
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Yo,
Myblu a écrit :Mais au quotidien, comment savoir si c'est un symptôme plus ou moins permanent ou une poussée ?
riree

Un symptôme "plus ou moins permanent" présente une certaine... permanence. Si cela fait plus de trois mois (normalement ça disparaît plus vite que ça, quoique pas toujours) que tu le ressens sans amélioration particulière, tu peux considérer que c'est installé, ou plutôt que ça va peut-être finir par partir, mais qu'alors ça va vraiment prendre du temps. Je m'étais par exemple trimballé une fatigue résiduelle d'une poussée survenue au début de l'été, jusqu'au printemps suivant. Elle avait fini par disparaître et ne m'a jamais plus embêté, ... sauf en cas de poussée. En général dans un cas pareil tu arrives à l'identifier, puisque c'est un symptôme que tu associes à telle poussée précédente, et qui depuis la fin de cette poussée décroît plus ou moins vite.

Si c'est un symptôme typique de la sep mais que tu n'as encore jamais rencontré jusqu'ici, il y a de grooooosses chances pour qu'il soit provoqué par une poussée en cours.

Quand en revanche c'est la subite réapparition d'un symptôme déjà rencontré, ça se corse :) :

- soit ça peut être provoqué par une poussée qui s'attaque à une fonction nerveuse déjà atteinte lors d'une poussée précédente. C'est relativement fréquent (j'insiste sur le "relativement"). Il y a alors une démyélinisation supplémentaire.

- soit il s'agit d'une aggravation temporaire d'anciens symptômes, provoquée par exemple par la chaleur, le stress, le manque de sommeil, une infection quelconque, etc. Il n'y a dans ce cas pas de nouvelle démyélinisation et on n'est donc pas en présence d'une poussée.

Simple, non ?

...

J'anticipe ta prochaine question : mais comment diable distinguer entre les deux ? mdr

Bin c'est pas facile du tout, même (voire en particulier) pour les neurologues. Le meilleur juge de paix dont on dispose est l'IRM avec gadolinium (produit de contraste) : si une IRM passée alors que tu éprouves ces symptômes montre des zones qui réagissent au gado, alors cela démontre une rupture en cours de la barrière hémato-encéphalique. En clair, ça veut dire que les lymphocytes qui provoquent l'inflammation sont libres de passer du sang vers l'intérieur du cerveau, puis d'y provoquer une inflammation, chose qui leur est interdite en temps normal. Si c'est le meilleur juge de paix, il n'est pas non plus infaillible : une IRM réagira positivement au gado en cas d'épisode inflammatoire asymptomatique (donc pas poussée), or rien n'interdit d'avoir simultanément un épisode asymptomatique (pas poussée) et une réminiscence non-démyélinisante (pas poussée non plus). Mais bon...

Un autre bon juge de paix est la disparition rapide des symptômes une fois qu'on a réussi à agir sur leur cause. Si par exemple, alors que tu présentes ta réminiscence de symptômes, tu es victime d'une infection, qu'on traite cette infection et que les symptômes disparaissent sans autre, alors pas poussée. Le protocole hospitalier pour définir une poussée interdit d'ailleurs de diagnostiquer (puis de traiter) une poussée si le patient présente de la fièvre : dès 38°C et au delà, tu te fais envoyer sur les roses. Une des raisons est que la fièvre est la traduction courante d'une lutte de ton système immunitaire contre une infection en cours. Or le traitement de la poussée est typiquement à base d'anti-inflammatoires puissants (stéroïdes) et administrer des stéroïdes alors que ton organisme lutte contre une infection, revient le plus souvent (manifestement pas toujours, mais bref...) à laisser le champ libre à l'infection, qui va pouvoir s'en donner à cœur joie -- ce que personne ne souhaite. On rencontre ce même mécanisme, de disparition rapide des symptômes une fois que tu as agi sur leur cause, avec le phénomène d'Uhthoff (clique !).

Une autre façon de trancher est si une IRM que tu passes plus tard, est parfaitement superposable à une IRM que tu auras passée auparavant : pas poussée. Cela n'exclut pas totalement la possibilité d'une poussée ayant ciblé précisément une zone déjà atteinte, mais il y a de bonnes chances pour que pas. Tu seras d'ailleurs ravie de découvrir que le doigt mouillé du neurologue (les probabilités, si tu préfères, ou encore pile ou face) est un outil diagnostic très utilisé :). Les neuros préfèrent quant à eux utiliser le terme de "subjectivité", mais la signification en est la même.

Quand j'avais été diagnostiqué (ça remonte donc à vingt-cinq ans en arrière), mon neuro m'avait dit que surtout, si je sentais venir une nouvelle poussée, alors il fallait que je file à la Salpé (c'était là que ça se passait) pour qu'on me colle illico sous corticoïdes. J'avais répondu que oui bon d'accord, mais... comment je reconnaîtrai si c'est une poussée ? Réponse pleine d'emphase du neuro : "ne vous en faites pas : vous le saurez !" Moralité, si je n'avais effectivement pas loupé la poussée suivante, celle d'après j'étais complètement passé à côté, alors que c'était pourtant une névrite optique (le truc qui se voit, quoi :mrgreen: ) : ce n'est que longtemps après qu'au détour d'une discussion j'avais évoqué cet épisode au neuro, qui m'avait immédiatement fait un fond d’œil et avait constaté immédiatement la pâleur papillaire si caractéristique d'une démyélinisation passée...

J'anticipe ta question suivante : "oui mais si c'est une poussée et que je crois que ce n'en est pas une et que je ne vais pas à l'hôpital pour faire des bolus de solumédrol ?"

La réponse va te plaire : pas grave :). Les corticoïdes n'ont jamais démontré la moindre efficacité sur l'évolution de la maladie (1), i.e. rapporté au traitement de la poussée, ils n'ont pas d'influence sur l'installation éventuelle de séquelles permanentes à l'issue de la poussée. La seule efficacité qu'ils ont démontrée est celle d'accélérer la venue de la rémission (au lieu d'avoir la tête dans le c.. pendant un mois, tu ne l'as que pendant deux semaines), voire (concession que je consens à mon ami Bashogun) d'atténuer l'intensité avec laquelle tu ressens les symptômes tant que la poussée est active.

(1) ce n'est pas tout à fait vrai : ils ont au contraire démontré une certaine efficacité sur l'évolution, mais uniquement à condition d'être pris juste avant la survenue de la poussée. On a réussi à mesurer ça sur un effectif suffisant de patients, mais pour y arriver d'un point de vue individuel il faudrait que chacun suive un traitement à base de corticoïdes en permanence, chose fort peu envisageable étant donnés les risques associés à la prise de corticoïdes sur le long terme. Donc, en théorie ils sont efficaces, en pratique : nope.

Je me demande si je ne t'ai pas embrouillée encore un peu plus, sur ce coup mdr

A bientôt,

JP.
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Hé salut,
Myblu a écrit :Pour faire simple, fin janvier, j'ai commencé à avoir une patte qui traîne. Puis quelques chutes dans les escalier plus tard, c'est les problèmes d'équilibre qui se sont venus. Et ensuite, les raideurs musculaires. Je marche comme un robot. Puis la fatigue.
Comme je te disais dans ta présentation, une telle chronologie fait tout de même bigrement penser à une poussée.

Depuis fin janvier, as-tu ressenti une évolution, même légère, aggravation comme amélioration, de ces symptômes ?
En mai, j'ai passé une IRM cérébral qui était identique à la précédente.
Il faudra regarder ce que la médullaire aura à raconter... Tes lésions cérébrales existantes se trouvent à quel(s) endroit(s) ? En sous-tentoriel ? (relis ton compte-rendu d'IRM si tu as l'impression que je parle chinois :) ).
les symptômes [...] sont certains jours très présents
J'ai coutume de dire que je n'aurais sans doute jamais été diagnostiqué sans ma "grande poussée du diagnostic" : j'avais survécu auparavant et sans me poser de question à deux premières poussées. Je n'étais allé voir un toubib que pour la première. Il avait diagnostiqué une "névralgie faciale" et c'était passé tout seul. Quand la seconde était arrivée c'était une copie conforme de la première, j'avais d'une certaine façon appris à gérer ça tout seul, je n'avais pas perdu de temps à aller voir un médecin (ça m'avait tout de même fait gagner quatre mois de vie sans sep, puisque la troisième n'était survenue que quatre mois plus tard).

Cette poussée qui m'avait conduit au diagnostic était donc la troisième. Elle était tellement plus violente que les deux premières, avec des symptômes tellement différents (lésions actives au cerveau, sur la moelle épinière, sur le cervelet et sur le tronc cérébral : la totale, je me suis d'ailleurs tapé en cette occasion chacun des symptômes que tu cites, et bien d'autres encore :) ) que ça m'avait pris beaucoup de temps pour admettre qu'il pût s'agir de la même maladie. Cette poussée n'avait pas reçu de traitement. Elle avait commencé à la mi-octobre et s'était tellement bien étalée dans le temps qu'au jour de l'an j'étais toujours tellement ensuqué qu'au moment de passer en 1996, j'étais déjà en train de dormir depuis un moment. Il reste qu'à ce moment-là, je sentais tout de même depuis quelques semaines que les symptômes se faisaient gentiment, jour après jour, moins graves ; un reflux certes très lent, mais sensible.

J'en conserve encore aujourd'hui un signe de Babinski et une exagération des réflexes ostéo-tendineux. Comme ces symptômes ne représentent rigoureusement aucune gêne dans la vie quotidienne, je ne m'y suis jamais intéressé. En revanche j'avais également une spasticité et une ataxie résiduelles. Elles aussi sont toujours présentes (vingt-cinq ans après les faits, elles ne résistent pas dix secondes à l'examen clinique neurologique) mais j'ai fini par réussir à faire en sorte que, à l'instar des deux symptômes précédents, elles finissent par ne plus me provoquer de gêne au quotidien. Ça n'a pas été facile, ça m'a pris du temps et de la sueur, et je reconnais aussi que j'ai été considérablement aidé en cela par le fait qu'aucune de mes poussées ultérieures ne se soit plus attaquée ni au cervelet, ni à la moelle épinière, ni au tronc cérébral (mais il y a tellement de coins sympas à découvrir pour une sep, dans un système nerveux central, pourquoi partir toujours en vacances au même endroit ? :) ).

J'avais choisi d'attaquer ça par la pratique de l'alpinisme (mon côté tête brûlée...), je conçois qu'on puisse préférer le confort de la kiné même si en mon for intérieur je me dis que ça ne peut pas être aussi efficace : dans la kiné, si tu es fatiguée, tu peux te poser quelque part, alors qu'en montagne, comme il n'y a pas de banc de touche c'est forcément "marche ou crève" (et donc : "marche"). Aucun succès garanti, évidemment, mais il ne faut jamais baisser les bras, et au contraire toujours croire en ses chances, en l'existence d'une bonne fée qui quelque part veille sur toi. Et que surtout la vie continue, quoi qu'il arrive.
et ça m'use physiquement et moralement. J'ai l'impression que ça ne veut pas s'arrêter.

Donc si je suis ton raisonnement, vu que ça fait plus de 3 mois et que ceux ne sont pas des nouveaux symptômes (j'avais déjà des poussées mais moins intenses et moins longues). je vais rester comme ça ?? :-? Je ne suis vraiment pas prête à l'accepter.
Ne jamais baisser les bras. Il ne faut pas hésiter non plus à parfois se faire violence. Si tu arrives par exemple à te débarrasser de la fatigue, cela représentera déjà un progrès énorme. Adopter une vie aussi saine que possible, prendre le soleil, manger équilibré, réduire drastiquement le sel dans l'alimentation, faire en sorte que tes nuits soient réparatrices (c'est à dire, dormir tes huit heures...) : là encore, aucun succès garanti, mais il existe dans la littérature scientifique nombre d'études qui illustrent la toxicité du comportement contraire sur la sep. Et au moins, ça donne l'impression de faire quelque chose, ça remet ton état d'esprit dans le bon sens.

Plus généralement, et malgré le temps qui s'est semble-t-il déjà écoulé depuis ton diagnostic, tu me donnes l'impression de n'avoir pas vraiment entamé ce grand classique que nous nommons ici la phase d'acceptation de la maladie. Tu en penses quoi ?

A bientôt, sois forte !

Jean-Philippe.
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Message non lu par Nostromo »

Hé salut !
Myblu a écrit :Pas facile, finalement de faire la différence. Mais je pense qu'avec l'expérience et l'ancienneté de la maladie, on doit sûrement mieux comprendre son corps.
Ou pas... J'ai toujours sincèrement pensé qu'un sépien pouvait simuler une poussée à son neurologue et que celui-ci n'y verrait que du feu. Or si un neuro n'est pas foutu de certifier si tu es ou pas en poussée, qui d'autre pourrait le faire ?
Waouh ! Quel courage ! J'admire cette façon positive de fonctionner. Je pense que ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir une telle volonté de se surpasser.
Le principal courage, c'est celui de vivre avec cette maladie. C'est donc un courage que tu as déjà en toi, que nous avons tous déjà en nous. Ensuite, c'est une question d'état d'esprit, en gros (très grossièrement, même), soit tu choisis d'être une victime, soit tu choisis de rester le capitaine de ton propre navire. Dans les mois qui ont suivi mon diagnostic, j'avoue avoir hésité entre les deux. Ce qui a emporté mon choix fut la constatation imparable qu'il ne servait à rien de se lamenter de quelque chose qu'on ne contrôlait pas.
"Acceptation" ??? euh non, pour le moment ça ne me dit rien.. je suis plus dans l'espoir que ça s’arrête d'une manière ou d'une autre.
On ne guérit pas de la sep. On peut en revanche apprendre à vivre avec.

Tu vas peut-être me trouver cinglé, mais dans certaines circonstances (typiquement un exercice physique d'endurance assez intense, comme grimper de 1200 m en deux heures pour être au refuge à l'heure pour le repas : ici je parle donc de rando classique) je n'ai rien de mieux à faire que d'entamer un dialogue empli de gratitude avec elle, où je la remercie de me permettre de grimper malgré la surchauffe...

L'acceptation, c'est un truc qui m'a pris quelque chose comme un an et demi une fois que j'ai été diagnostiqué : ça ne se fait pas en un claquement de doigts. Ca consiste à faire le deuil de ta vie d'avant, parce que tu ne la retrouveras plus jamais : maintenant tu as ta vie de sépienne, avec un avenir qui d'un coup paraît beaucoup moins tracé. Pas plus sombre : moins tracé. Il n'est pas nécessairement question de handicap, la seule présence d'une épée de Damoclès aussi menaçante que la sep suffit à balayer une bonne part de l'insouciance passée, tout en recentrant ta vision sur ce qui t'est vraiment utile, sur qui tu es vraiment. A vrai dire, personne n'a son avenir tout tracé (n'importe qui peut mourir demain en traversant la rue), c'est une illusion toxique dans laquelle on ne se berce que par confort. La sep permet de faire voler en éclat cette illusion, elle apporte un supplément de lucidité sur sa propre condition.

Que cette vie soit différente n'entraîne pas fatalement qu'elle soit moins pleine, moins riche, moins heureuse, au contraire : elle ne sera tout ça que si veux qu'il en soit ainsi ; si en revanche tu choisis de vivre, de créer, de découvrir, plutôt que de te laisser abattre, la simple conscience de l'existence de ta maladie apportera du sens à ce que tu fais (sens qui fait cruellement défaut dans le monde moderne...) et pourra t'apporter une énergie insoupçonnée, elle pourra aller jusqu'à totalement renverser ton ancien système de valeurs. Cela pourra commencer par la découverte de l'importance du moment présent, cela pourra aussi te pousser à entreprendre des choses que tu n'aurais jamais entreprises sans le diagnostic : j'ai ainsi quitté Paris et la France pour Londres moins de deux ans après mon diagnostic et je vis désormais en Suisse, dont j'ai finalement acquis la nationalité. Si j'ai osé quitter Paris... et mon boulot, c'est en très grand partie parce que mon avenir professionnel était devenu, du fait même de mon diagnostic, beaucoup moins important à mes yeux, d'autres priorités avaient pris le dessus : ma sep m'a clairement permis d'oser faire ce que je n'aurais jamais fait sans elle.

Le principal courage, c'est celui de vivre avec cette maladie :).

Un très bon article sur le processus d'acceptation dans le cas particulier de la sep, ici : https://www.sep-ensemble.fr/la-sep-au-q ... -chronique

A bientôt,

Jean-Philippe.
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Message non lu par arwenn »

C'est vraiment un plaisir de vous lire
C'est tellement clair que ça en est réconfortant 🤔 enfin, si on peut dire ça comme ça...
Si je comprends bien Nostromo, il y a des études qui vantent les mérites du solumedrol si on le prend avant apparition de poussées... ?
C'est ce que je me suis toujours dit : pourquoi ne pas faire un bolus de 3 jours tous les 6 mois par prévention ? Ca permettrait aussi de redonner la pêche pour quelques temps. Je me suis toujours demandé si ça avait déjà été suggéré ???
C'est si mauvais que ça 6g de corticoïdes par an ?
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Re: C est quoi?

Message non lu par Nostromo »

Salut Arwenn,

Vanter, vanter, n’exagérons pas ; mais la chose a été testée sous une forme guère différente de ce que tu suggères. Il est à peu près aussi efficace sur l’activité inflammatoire (telle que montrée par le nombre de lésions qui prennent le contraste) de prendre au long cours, en une seule prise chaque mois, une forte dose de corticoïdes, qu’un traitement au long cours « standard » à l’interféron-bêta. On a également mesuré une efficacité (modeste) dans ce cas des corticoïdes sur la perte axonale.

Après, tu as le problème d’une logistique coûteuse (a priori tu ne vas pas faire ton intraveineuse toute seule) et des effets secondaires à plus ou moins long terme, les interférons étant beaucoup mieux tolérés, pour une efficacité du même ordre. Bon, à ce que j’en ai compris ils filent moins la niaque :).

À bientôt,

Jean-Philippe.
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Message non lu par arwenn »

Je ne sais pas au long cours, les mauvais effets que peuvent engendrer la corticoïde (si par exemple on fait 2 bolus de 3 jours par an en préventif), mais je vais sans aucun doute en parler à mon neurologue à ma prochaine visite.

Si c'est prouvé que c'est pas moins efficace, je trouve ça hyper intéressant.
Les bolus nous cassent pour quelques jours une fois qu'on les arrête, mais ensuite ça rentre dans l'ordre, et on est blindés d'anti inflammatoires pour quelques mois :)

A méditer, mais ça me botte !
Che pas si c'est un protocole qui se fait ou pas.
L'infirmière vient à domicile le matin et revient à 14h, et ce pendant 3 jours... En tout cas pour nous, c pas contraignant, lol
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Message non lu par Nostromo »

Salut Arwenn,

L'étude qui trouvait une efficacité similaire entre corticoïdes et interférons comparait de mémoire un traitement de 1000 mg de corticoïdes en une prise par mois pendant six mois, vs. un traitement standard par interféron. Et cette comparaison ne portait que sur un seul critère, qui était celui de l'inflammation active telle que constatée par la prise de contraste au gadolinium. Or il reste à démontrer qu'une réduction de la charge inflammatoire entraîne un meilleur pronostic : par exemple dans mon cas, j'ai des IRM qui sont tout de même franchement pourries, marques d'inflammations passées intenses, et je me porte tellement bien que si on m'avait proposé une telle évolution le jour de mon diagnostic, j'aurais signé tout de suite et sans réfléchir bien longtemps. L'inflammation n'est qu'une pièce d'un puzzle extrêmement complexe...

Je suppose aussi que si ce traitement au long cours par corticoïdes n'est pas proposé, c'est que son rapport bénéfices / risques est plus mauvais que celui des traitements usuels : c'est comme ça que ça marche en général. Pour les effets secondaires et une description plus générale des corticoïdes, la page que Wikipédia lui consacre est un bon début : https://fr.wikipedia.org/wiki/Corticoïde. J'avais fait traiter une seule poussée par corticoïdes, celle qui avait immédiatement suivi mon diagnostic. Ca se passait à la Salpêtrière à Paris, où j'avais été diagnostiqué et où j'étais suivi. J'avais en cette occasion été pris en charge par Catherine Lubetzki, qui est plus tard devenue la patronne de la neuro à la Salpé. Elle a finalement consenti à mettre un route un bolus de solumedrol, mais je la sentais plus que réticente, mes symptômes n'étant pas jugés par elle suffisamment critiques pour courir le risque lié au traitement (toujours cette histoire de bénéfices / risques). J'ai limite dû la supplier :).

A la lumière de cette expérience, j'envisage donc une probabilité non négligeable que tu te fasses directement envoyer sur les roses par ton neurologue si tu lui demandes ce à quoi tu penses…

Tu nous tiendras au courant mdr

A bientôt,

JP.
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Re: C est quoi?

Message non lu par arwenn »

Effectivement, vu comme ça ;)
Mais même pas peur, je lui en parlerai quand même en janvier prochain (si pas besoin de le joindre avant)
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Message non lu par Tsering »

Bonjour à tous,

Merci pour vos réponses et partages.

Pour répondre à Bashogun : ces temps-ci ce sont je crois ce que vous appelez de la spasticité qui se marque à l effort (qui ne devrait pas en être un pour une personne en bonne santé), de la fatigabilité et un état émotionnel très sensible. Rien de "terrible" mais terriblement perturbant quand même.
J ai l impression que c est comme une "note de fond" alors que les soucis qui m ont fait consulté avant le diagnostique étaient plutôt une "note de tête".

Ce que j ai compris et retenu de vos connaissances c est que la poussée se passe dans le cerveau et la moelle silencieusement alors que le symptôme est ce qui se manifeste.

Merci
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