Salut Fab',
FabFas a écrit :je ne cesse de cogiter, de pleurer, de chercher une raison...mais la vie continue c'est vrai.
Pour l'instant, on ne t'a annoncé qu'une probabilité, qui me semble encore assez ouverte, pour les raisons que je t'ai dites. Et si jamais le diagnostic devait se confirmer, chercher une raison à ça, ... tu places la barre très haut

: je pense en effet sincèrement que la personne qui trouvera, un jour, ce qui cause la sclérose en plaques, sera bonne pour le Nobel de médecine. La sep reste en général une maladie très méconnue de la médecine : mon neuro fait partie du gratin français de la sep (si tant est que la sep puisse se gratiner), et il est le premier à reconnaître les innombrables limites de ses connaissances face à cette maladie aux multiples visages, ce qui est tout à son honneur.
Pour ta surdité brusque, tu as reçu un traitement, genre à base de corticoïdes à forte dose pendant une durée limitée ? Tu as mis combien de temps, entre sa survenue et le début du traitement ?
Quand la surdité brusque est un symptôme de la sep, il se dit le plus souvent qu'elle est le reflet d'une atteinte du tronc cérébral. Le tronc cérébral est le machin qui fait la jonction entre le cerveau au dessus, et la moelle épinière en dessous. On parle également de "moelle allongée" pour le décrire. Le truc c'est qu'une atteinte du tronc cérébral donne le plus souvent (pas toujours...) lieu à un feu d'artifice de symptômes divers et variés, comme pour les yeux une diplopie et/ou un nystagmus, mais aussi, pour le reste, des vertiges rotatoires intenses, des symptômes sensitifs, des nausées / vomissements, etc. Et s'il est rare d'avoir tous les symptômes en même temps, il est encore plus rare de n'en avoir qu'un seul. Sur l'IRM (et en particulier sur le compte-rendu d'IRM), on parlera d' "étage sous-tentoriel" ou "infra-tentoriel", littéralement "sous la tente du cervelet". Cet "étage" inclut donc également le cervelet. Or ton compte-rendu parle spécifiquement d'étage "supratentoriel" (au dessus de la tente

), et plus particulièrement en "périventriculaire" : il s'agit également, certes, d'une zone à laquelle on va s'intéresser lors d'un diagnostic de sep, mais ton compte-rendu en cite-t-il au moins une autre, et si oui, laquelle (ou lesquelles) ?
A la différence des symptômes relevant d'une atteinte du tronc cérébral, la fatigue n'est pas un symptôme de la sep qui puisse être relié à une localisation précise dans le système nerveux central. Il se dit plus généralement qu'elle est un effet secondaire de la charge lésionnelle, quelle que soit la localisation des lésions. Quant à savoir si ta fatigue peut être reliée à ta sep ou pas, il est difficile d'y répondre de façon certaine mais la fatigue de la sep, pour ce que j'en ai expérimenté, est tout de même drôlement spécifique, ce n'est pas la "simple" sensation d'épuisement que tu peux ressentir à la fin d'une journée bien chargée, par exemple. J'étais ainsi, à un moment, devenu incapable (rigoureusement) d'effectuer des suites d'opérations arithmétiques pourtant simples, c'était trop demander à mes capacités de concentration. En quarante années de vie, tu as sûrement déjà eu l'occasion d'être fatiguée : si la fatigue que tu ressens maintenant te semble de même nature, même si éventuellement plus forte, que ce que tu as connu jusqu'ici, je serais tenté de ne pas chercher sa cause du côté d'une éventuelle sep.
Les céphalées (maux de tête) ne sont en règle très générale pas reconnues comme pouvant être un symptôme de la sep, même si nous sommes quelques-un ici à en douter. Tu seras peut-être tout de même intéressée d'apprendre qu'une migraine chronique entraîne un surrisque conséquent (genre, le double d'une personne non migraineuse) d'être un jour atteint par une surdité brusque. NB : une céphalée n'indique pas forcément une migraine.
La notion de "porteur sain" n'existe pas pour caractériser la sep, d'où mes guillemets

. Il reste que la sep touche grosso-modo, en France, une personne sur mille, alors que quand on procède à une autopsie du cerveau, on retrouve dans au moins un cas sur cinq cents, soit au moins deux fois plus souvent, des lésions caractéristiques de la sep, c'est à dire des lésions qui cocheraient la case "sep" à l'IRM. Tu as donc au moins autant de personnes qui sont positives "sep" à l'IRM, mais sans jamais s'en être rendu compte ni encore moins avoir ressenti un quelconque besoin de consulter, que de personnes diagnostiquées sep et qui, forcément, en porteront toujours les traces à l'IRM. Le terme adéquat pour décrire ces (nombreux) cas est "sep latente", i.e. une sep qui ne s'accompagnera jamais d'aucun symptôme et dont on ne pourra par conséquent se rendre compte que fortuitement, ... par exemple à l'occasion d'une IRM passée dans le cadre d'une surdité brusque.
A bientôt,
Jean-Philippe.