Troubles cognitifs : mes tests neuropsy
Posté : 16 juin 2019, 09:47
J'ai la chance d'avoir pu, depuis 2015, passer plusieurs fois des tests neuropsy pour mettre en lumière mes difficultés cognitives - question essentielle pour moi qui exerce une profession dite intellectuelle. Chance, parce que je sais combien il est difficile pour beaucoup d'entre nous de pouvoir en passer sans devoir patienter un temps infini. Lélé en a déjà témoigné, il me semble. Chance, parce que lors mon hospitalisation de jour en avril 2015, pour la poussée qui a commencé à toucher notamment ma mobilité et que je date d'octobre 2014, j'ai immédiatement pu profiter d'un bilan cognitif, frustrant mais assez parlant. Puis en 2016, de nouveau, et deux fois en 2019, dont le tout dernier sur une journée entière. Quel luxe !
J'ai déjà exprimé sur le forum ma frustration lors des premiers tests qui ne permettaient guère de mettre en lumière ce qui me pose le plus problème : les surcharges cognitives dans des situations réelles où l’afflux d'informations quasi simultanées me mettait en difficulté.
Pour autant, les premiers tests cernaient déjà assez bien la situation. Le tout dernier, dont j'ai pu avoir le retour il y a peu, juste après mon test de conduite, présente l'intérêt d'être bien plus précis (et chiffré) et plus complet avec des tests neurovisuels forts éclairants.
D'une manière générale, les troubles cognitifs peuvent concerner des processus différents comme la mémoire, qu'elle soit épisodique, prospective ou de travail ; l'attention, soutenue, focale ou divisée ; l'apprentissage et le traitement des informations, leur stockage, leur coordination, leur mise à jour ; le langage ; l'exécution de tâches telle la planification, le raisonnement, la résolution de problèmes, la prise de décision ; les fonctions visio-constructives, la capacité à reconnaître, percevoir, grâce à l'utilisation de l'un des sens (gnosie) ou encore les fonctions de coordination et d’adaptation des mouvements volontaires de base dans le but d’accomplir une tâche donnée (praxies).
Selon les études, les difficultés cognitives - longtemps mal reconnues -, concerneraient 40 à 70% des personnes atteintes de Sep, le plus souvent légères à modérées ne touchant pas l'ensemble des fonctions cognitives, mais plus importantes dans 10% ds cas. De nombreuses études décrivent une atteinte de la mémoire épisodique verbale, de la mémoire de travail, et/ou des capacités attentionnelles.
Enfin, anxiété, dépression et fatigue peuvent aussi intervenir en renforçant les perturbations des processus cognitifs.
Pour ce qui me concerne, le test de 2015 avait constaté une préservation de mes capacités d'encodage et de stockage des informations. Si le rappel immédiat était bon, le rappel différé était à la limite de la norme. Quant aux capacités de mémoire visuo-spatiales, (s’orienter dans l’espace, percevoir les objets de l'environnement, d’imaginer mentalement un objet physiquement absent), elles étaient « fragiles avec difficultés de consolidation ». De fait, je me paume régulièrement, même avec l'aide d'un GPS, je cherche souvent sans le trouver un objet qui est pourtant devant moi, etc. !
Il apparaît aussi et principalement un « ralentissement de la vitesse de traitement de l'information et des difficultés attentionnelles ».
Le test de 2016 confirme les conclusions précédentes, mais note une diminution de l'acquisition d'informations nouvelles (mémoire antérograde)... Pourtant, la neuropsy constatait une amélioration de l'état anxieux - mais « la persistance de traits dépressifs ».
Le premier test de 2019 s'est déroulé peu après mon hospitalisation, à un moment, donc, où je n'étais pas au mieux. D'ailleurs durant la première partie d'une heure, qui consistait en en entretien sur la situation en général, le froid a envahi mes jambes (expression diurne du SJSR ou, plus probablement, paresthésies Sep), mais jusqu’au nombril comme cela était survenu plusieurs fois déjà depuis février. Me relever et marcher dans le couloir de l'HdJ était bien difficile at après deux aller retour, nous avons repris.
Ce test est plus fouillé, avec l'utilisation notamment de L'échelle clinique de Mémoire MEM-3 de Wechsler ; en outre, la neuropsy a essayé de répondre à ma demande de me mettre en situation de surcharge cognitive - mais ce n'est pas de la musique, même avec des morceaux de Magma ou de Boulez qui pouvait suffire...
Malgré mes recherches, je n'ai pu comprendre précisément à quoi correspondaient les résultats de chacun des indices (auditif immédiat, visuel immédiat ; auditif différé, visuel différé ; mémoire immédiate, mémoire de travail ; reconnaissance auditive différé), mais tout ce qui est mémoire différée est en retrait.
La conclusion est que l'indice de mémoire générale est dans la moyenne inférieure (compte tenu de mon niveau socio-éducatif). Le ralentissement dans l'exécution s'amplifie et une faiblesse des capacité 'd'attention divisée' (faire plusieurs choses en parallèle).
Le second test s'est déroulé en mai avec une autre neuropsy et a duré la journée entière...Se sont ajoutés aux tests précédents des exercices neurovisuels approfondis. Le compte-rendu est très détaillé, précisément chiffré et met en exergue les résultats qui sont « en dessous du seuil pathologique » - et il n'y en a pas qu'un...
Il y a de très bons résultats (ouf !) : langage, conceptualisation, raisonnement abstrait, une mémoire de travail satisfaisante et de bonnes capacité d'apprentissage (grâce à la mise en place de stratégies efficaces d'encodage), mais toujours le besoin de temps - résultats qui ne sont pas pour m'étonner.
Ce qui pêche, comme dans les tests précédents, ce sont les capacités attentionnelles, la fatigabilité, les difficultés de manipulation mentale et de mémorisation d'informations visuo-spatiales. Les tests d'exploration et de balayage visuels sont marqués par une lenteur et de très nombreuses omissions.
Et puis il y a l'échelle d'intensité de fatigue et l'échelle de dépression qui sont au-delà du seuil pathologique...
Cela confirme, mais surtout précise et objective tout ce que je ressentais. Aussi bien ce que je suis par nature (un abstrait, pas du tout un visuel) que l'évolution de mes capacités cognitives avec des troubles de l'attention et de la concentration et une mémoire antérograde et à long terme de plus en plus limitées - autant de raisons pour lesquelles il m'est de plus en plus difficile d'exercer mon métier, autant d'éléments à prendre en considération pour la réorientation professionnelle qui devient incontournable.
Pour terminer, un document intéressant :
Troubles cognitifs et SEP. Le point de vue de 3 spécialistes.
Françoise Reuter, psychologue (CHU Marseille) ; Delphine Lamargue-Hamel, orthophoniste (Université de Bordeaux) ; Hélène Brissart, neuropsychologue (CHRU Nancy).
https://www.arsep.org/library/media/oth ... s-2017.pdf
J'ai déjà exprimé sur le forum ma frustration lors des premiers tests qui ne permettaient guère de mettre en lumière ce qui me pose le plus problème : les surcharges cognitives dans des situations réelles où l’afflux d'informations quasi simultanées me mettait en difficulté.
Pour autant, les premiers tests cernaient déjà assez bien la situation. Le tout dernier, dont j'ai pu avoir le retour il y a peu, juste après mon test de conduite, présente l'intérêt d'être bien plus précis (et chiffré) et plus complet avec des tests neurovisuels forts éclairants.
D'une manière générale, les troubles cognitifs peuvent concerner des processus différents comme la mémoire, qu'elle soit épisodique, prospective ou de travail ; l'attention, soutenue, focale ou divisée ; l'apprentissage et le traitement des informations, leur stockage, leur coordination, leur mise à jour ; le langage ; l'exécution de tâches telle la planification, le raisonnement, la résolution de problèmes, la prise de décision ; les fonctions visio-constructives, la capacité à reconnaître, percevoir, grâce à l'utilisation de l'un des sens (gnosie) ou encore les fonctions de coordination et d’adaptation des mouvements volontaires de base dans le but d’accomplir une tâche donnée (praxies).
Selon les études, les difficultés cognitives - longtemps mal reconnues -, concerneraient 40 à 70% des personnes atteintes de Sep, le plus souvent légères à modérées ne touchant pas l'ensemble des fonctions cognitives, mais plus importantes dans 10% ds cas. De nombreuses études décrivent une atteinte de la mémoire épisodique verbale, de la mémoire de travail, et/ou des capacités attentionnelles.
Enfin, anxiété, dépression et fatigue peuvent aussi intervenir en renforçant les perturbations des processus cognitifs.
Pour ce qui me concerne, le test de 2015 avait constaté une préservation de mes capacités d'encodage et de stockage des informations. Si le rappel immédiat était bon, le rappel différé était à la limite de la norme. Quant aux capacités de mémoire visuo-spatiales, (s’orienter dans l’espace, percevoir les objets de l'environnement, d’imaginer mentalement un objet physiquement absent), elles étaient « fragiles avec difficultés de consolidation ». De fait, je me paume régulièrement, même avec l'aide d'un GPS, je cherche souvent sans le trouver un objet qui est pourtant devant moi, etc. !
Il apparaît aussi et principalement un « ralentissement de la vitesse de traitement de l'information et des difficultés attentionnelles ».
Le test de 2016 confirme les conclusions précédentes, mais note une diminution de l'acquisition d'informations nouvelles (mémoire antérograde)... Pourtant, la neuropsy constatait une amélioration de l'état anxieux - mais « la persistance de traits dépressifs ».
Le premier test de 2019 s'est déroulé peu après mon hospitalisation, à un moment, donc, où je n'étais pas au mieux. D'ailleurs durant la première partie d'une heure, qui consistait en en entretien sur la situation en général, le froid a envahi mes jambes (expression diurne du SJSR ou, plus probablement, paresthésies Sep), mais jusqu’au nombril comme cela était survenu plusieurs fois déjà depuis février. Me relever et marcher dans le couloir de l'HdJ était bien difficile at après deux aller retour, nous avons repris.
Ce test est plus fouillé, avec l'utilisation notamment de L'échelle clinique de Mémoire MEM-3 de Wechsler ; en outre, la neuropsy a essayé de répondre à ma demande de me mettre en situation de surcharge cognitive - mais ce n'est pas de la musique, même avec des morceaux de Magma ou de Boulez qui pouvait suffire...
Malgré mes recherches, je n'ai pu comprendre précisément à quoi correspondaient les résultats de chacun des indices (auditif immédiat, visuel immédiat ; auditif différé, visuel différé ; mémoire immédiate, mémoire de travail ; reconnaissance auditive différé), mais tout ce qui est mémoire différée est en retrait.
La conclusion est que l'indice de mémoire générale est dans la moyenne inférieure (compte tenu de mon niveau socio-éducatif). Le ralentissement dans l'exécution s'amplifie et une faiblesse des capacité 'd'attention divisée' (faire plusieurs choses en parallèle).
Le second test s'est déroulé en mai avec une autre neuropsy et a duré la journée entière...Se sont ajoutés aux tests précédents des exercices neurovisuels approfondis. Le compte-rendu est très détaillé, précisément chiffré et met en exergue les résultats qui sont « en dessous du seuil pathologique » - et il n'y en a pas qu'un...
Il y a de très bons résultats (ouf !) : langage, conceptualisation, raisonnement abstrait, une mémoire de travail satisfaisante et de bonnes capacité d'apprentissage (grâce à la mise en place de stratégies efficaces d'encodage), mais toujours le besoin de temps - résultats qui ne sont pas pour m'étonner.
Ce qui pêche, comme dans les tests précédents, ce sont les capacités attentionnelles, la fatigabilité, les difficultés de manipulation mentale et de mémorisation d'informations visuo-spatiales. Les tests d'exploration et de balayage visuels sont marqués par une lenteur et de très nombreuses omissions.
Et puis il y a l'échelle d'intensité de fatigue et l'échelle de dépression qui sont au-delà du seuil pathologique...
Cela confirme, mais surtout précise et objective tout ce que je ressentais. Aussi bien ce que je suis par nature (un abstrait, pas du tout un visuel) que l'évolution de mes capacités cognitives avec des troubles de l'attention et de la concentration et une mémoire antérograde et à long terme de plus en plus limitées - autant de raisons pour lesquelles il m'est de plus en plus difficile d'exercer mon métier, autant d'éléments à prendre en considération pour la réorientation professionnelle qui devient incontournable.
Pour terminer, un document intéressant :
Troubles cognitifs et SEP. Le point de vue de 3 spécialistes.
Françoise Reuter, psychologue (CHU Marseille) ; Delphine Lamargue-Hamel, orthophoniste (Université de Bordeaux) ; Hélène Brissart, neuropsychologue (CHRU Nancy).
https://www.arsep.org/library/media/oth ... s-2017.pdf