Salut Manue,
Manue a écrit :Mon corps m'a lâché d'un coup. J'ai chuté dû à une paralysie du côté gauche partant en dessous de la poitrine et dans la jambe gauche.
C'est peut-être juste un nerf qui, l'espace d'un instant, a merdé dans son travail (à cause de la sep évidemment), quelque part sur son trajet. Je me suis cassé la figure deux ou trois fois dans des circonstances qui me semblent assez comparables, la seule différence que j'envisage est que chez moi, c'était du côté droit -- le côté que
ma sep a toujours de loin préféré. Mais comme le rappelle Basho, la sep ça peut être tellement différent d'une personne à l'autre... Quand tu es tombée, tu as réussi à te relever toute seule dans les secondes ou les minutes qui ont suivi, et plus embêtée ensuite jusqu'à la fois suivante, ou alors c'était un état plus permanent, où tu savais que si tu essayais de te lever, tu risquais fort de te retrouver par terre ?
Pour ce que ça vaut, quand j'avais parlé de ce symptôme au neuro, il m'avait donné l'impression de traiter ça par dessus la jambe : "bah, faut juste pas vous lever trop vite". J'avais trouvé sa réponse drôlement gonflée, puis à la réflexion, tu te dis qu'un médecin sait peut-être de quoi il parle, tu apprends à mettre en place des stratégies, comme par exemple de compensation, pour que tout soit aussi normal et vivable que possible au quotidien. Il y a peut-être des choses que tu ne feras plus jamais, mais ne passe-t-on pas sa vie à faire des renoncements afin de débuter de nouveaux projets ? Pareil ici : cela ne t'empêchera pas d'en faire de nouvelles, il suffit bien souvent de le vouloir (à condition, évidemment, de savoir adapter cette volonté à ce que Madame est prête à accepter ; les frontières du possible changent, il faut les cerner).
Tu parlais d'acceptation, accepter la sep c'est peut-être justement réussir à faire vivre ensemble un corps qui peut "te lâcher d'un coup" mais qui n'y est pour rien, juste une victime, comme toi, un système nerveux central (et donc, notamment, un cerveau) qui est une "arme du crime" plus probable dans cette affaire tout en restant lui aussi une victime, et une sep qui n'avait justement pas d'alibi pour ce jour là. Dans mon expérience personnelle, mais je ne revendique aucune exclusivité car je pense que ça doit se passer plus ou moins de la même façon pour tout le monde, ça a représenté un nouvel équilibre à trouver, à tous les étages : physique comme psychique, et un nouvel équilibre très différent de celui d'avant la maladie. Nombreux sont ici les sépiens qui appellent la sep leur "colocataire" (je lui préfère quant à moi celui de "maîtresse", et si j'étais une fille je dirais "amant"). On peut se figurer ça comme un organe de plus à caser de façon permanente dans son corps (la sep), et en tant qu'organe, il convient de lui accorder un minimum de considération, vu qu'il s'agit de vivre avec pendant le restant de sa vie : j'ai d'ailleurs vécu plus longtemps avec la sep, que sans...
J'ai récupéré au bout de 6 mois. Mais j'ai toujours des séquelles en dessous de la poitrine quand il fait chaud et quand je cours. Sensations bizarres pas douloureuses mais un peu gênante.
Bashogun a très bien répondu, Uhthoff, un grand classique que nous connaissons tous bien

. Uhthoff est sympa comme gars, puisqu'il suffit le plus souvent de prendre du repos et/ou de la fraîcheur, pour qu'il s'en aille tout seul au bout de quelques minutes (mais ça peut parfois prendre plus de temps). Je dirais donc volontiers qu'il ne faut pas se laisser intimider par lui, car il n'y a pas à ma connaissance de littérature qui démontrerait que quelques heures d'une telle surchauffe du système, seraient de mauvais pronostic sur l'évolution ultérieure de la maladie (risque de poussée). Enfin, il y a très longtemps, c'est ce qu'on en disait, mais on a changé d'avis depuis. Comme tu dis, c'est "bizarre" (peut-être surtout parce que pour toi c'est nouveau) et "pas douloureux" (bingo !), juste "un peu gênant" : n'est-ce pas un bon point de départ pour entamer des négociations fructueuses entre ta sep et toi ?
On dit souvent que dans la sep il ne faut pas "trop en faire", mais je crains que l'excès inverse (ne pas en faire assez) ne soit aussi délétère. (1) Faire de l'exercice régulier est très, très recommandable, les effets positifs sur la sep sont largement démontrés, et en plus tu ne vis pas dans l'endroit le plus pourri du monde pour en faire

. (2) Faire de l'exercice fait venir Uhthoff. Conclusion : négo entre les deux, trouver un consensus. La pratique de la montagne m'avait été vivement recommandée par le neuro qui m'avait diagnostiqué (celui-là même qui me disait de ne pas me lever trop vite), j'aimais déjà ça mais en dilettante, alors je m'y était mis un peu plus sérieusement : une de ces "nouvelles choses" que je dois à ma sep. A l'époque j'habitais Paris, c'était plus compliqué, Bleau c'était sympa mais surpeuplé et tout plat, heureusement qu'on avait le TGV jusqu'à Grenoble. Tu pratiques un peu ?
Le plus pénible dans ce que tu cites est sans doute la fatigue, en fait, car elle est insidieuse, plus ou moins permanente, et qu'elle touche volontiers tes capacités cognitives, de concentration notamment. C'est d'autre part le symptôme de loin le plus commun à tous les sépiens, que nous ne le connaissions que de façon ponctuelle, ou plus permanente.
Je suis contente quand vendredi soir arrive par contre.
Moi aussi, mais par pour les mêmes raisons !
A tout bientôt !
Jean-Philippe.