http://www.neuropsy.fr/information/inde ... &DRubIdx=3
Testé avec succès chez la souris
Un métabolite synthétique du tryptophane contre la
Dans le modèle murin de la
De notre correspondante
CES DERNIÈRES ANNÉES, plusieurs études ont montré que la dégradation dans l'organisme du tryptophane, un acide aminé essentiel, joue un rôle important dans l'immunité. Le catabolisme local du tryptophane (Trp) par l'enzyme IDO (indoléamine 2,3-dioxygénase) est considéré maintenant comme un mécanisme important de régulation suppressive de l'immunité cellulaire T. Un nouveau travail de recherche suggère que cela pourrait être exploité pour le traitement des maladies
Dans la
Le Dr Lawrence Steinman, neurologue à l'université de Stanford (Californie) et son équipe ont étudié le mécanisme d'action d'une de ces approches, les ligands peptides altérés (ou APL). Cette approche est apparue prometteuse dans le modèle murin de
Les chercheurs ont donc essayé de savoir si les métabolites du Trp (kynurénines), produits par l'activité enzymatique IDO, pourraient réguler l'activation des cellules T dirigées spécifiquement contre la
« Les résultats ont été surprenants et dans un sens stupéfiants », rapporte au « Quotidien » le Dr Steinman.
Il est apparu que les kynurénines suppriment in vitro la prolifération des cellules T dirigées spécifiquement contre la
On a évalué in vivo un métabolite synthétique du Trp, le Tranilast (3,4-DAA, un dérivé synthétique de l'acide anthranilique) (Angiogen Pharmaceuticals, Australie). Dans le modèle murin de
Le résultat est remarquable. Les souris traitées ont une maladie beaucoup moins sévère (rechutes plus rares et légères) et n'ont plus de paralysie, contrairement aux souris témoins.
De plus, lorsque les
« Des dérivés, actifs par voie orale, des métabolites du tryptophane, comme le Tranilast (3,4-DAA), pourraient donc représenter une nouvelle classe de médicaments pour traiter des maladies
Il convient de noter que le Dr Steinman et ses dix collègues de l'université de Stanford qui cosignent cette étude n'ont aucun intérêt financier dans la compagnie Angiogen Pharmaceuticals (Sydney), qui détient le brevet du Tranilast. Le fondateur et directeur d'Angiogen, le Dr Michael Selley, est un cosignataire de l'étude.
Le Tranilast déjà évalué chez l'homme dans une autre indication.
Le Dr Steinman souligne, pour « le Quotidien », l'excellent profil de sécurité du Tranilast. « Le Tranilast a été étudié dans un essai clinique (PRESTO) chez 11 000 patients ; il a réduit l'incidence d'infarctus du myocarde après stenting, mais n'a pas réussi à remplir l'objectif premier qui était de prévenir la resténose. Néanmoins, lorsqu'il est pris quotidiennement pendant trois mois, le médicament présente un excellent profil de sécurité. Ce médicament actif par voie orale pourrait donc devenir un traitement pour des maladies comme la
Le lien entre alimentation et immunité.
« Le plus grand message de cette étude est que l'alimentation et l'immunité sont inextricablement liées », ajoute-t-il. « Pourquoi des produits de dégradation du tryptophane suppriment-ils l'immunité ? », s'interroge-t-il.
« Lorsqu'une personne est privée de nourriture, l'un des premiers systèmes vitaux à être abandonné est le système immunitaire. Le catabolisme du tryptophane, lorsque celui-ci n'est pas incorporé dans les protéines, supprimerait donc les indésirables dépenses d'énergies pour faire fonctionner le système immunitaire. La conséquence de la privation de nourriture est l'immunosuppression, et c'est bien sûr un désastre, comme on peut le voir tous les jours dans des endroits défavorisés tels qu'en Afrique. »
Le tryptophane, rappelle-t-il au « Quotidien », est un acide aminé remarquable. « Nous ne pouvons pas le synthétiser et notre source est notre alimentation. Il est incorporé dans les protéines, comme l'un des vingt acides aminés différents. Plus étonnant, cet acide aminé a des effets incroyables sur le comportement, y compris la dépression et le sommeil, en plus de ses effets sur l'immunité (immunosuppresseur). Le tryptophane lui-même est métabolisé en molécules comme la sérotonine, dont le taux est considérablement diminué dans la dépression et majoré par les médicaments Ssri. Le métabolisme, plus en aval encore, du tryptophane conduit à la mélatonine, la molécule "maîtresse" du sommeil. Et encore plus loin dans son métabolisme, le tryptophane conduit à la vitamine B3, ou niacine. »
> Dr VERONIQUE NGUYEN
« Science », 4 novembre 2005, p. 850.